Mes chers mes bons parents, combien je vous aimais,
pensant à votre mort oh combien je pleurais,
peut-être désirais-je alors votre décès,
mes chers mes bons parents, combien je vous aimais.
L'angoisse de mon crime accablant arpenteur
débobina mes langes.
Je vécus mon enfance écrasé de terreurs
et d'anxiétés étranges :
- la question qu'au bossu donnait l'orthopédiste
ca**ant les abatis
et j'entendais craquer l'ossature sinistre
du nabot en débris ;
- les voyous obstinés qui rôdaient dans le noir
et les mains dans les poches
toujours prêts à commettre à la faveur du soir
quelque horrible anicroche
au cours bien ordonné du flâner des bourgeois
(j'étais de cette race) ;
- les mots incohérents barbouillés en siamois,
redoutables grimaces
d'un disciple du Mal et ce jeteur de sort
voulait bien annuler
pour le prix de dix ronds ses menaces de mort
qu'au hasard il lançait
(il me disait soudain : " Ta mère va mourir! "
humectant de salive
son doigt, il se mettait à longuement écrire
en griffes ablatives
et je sortais alors mes cinquante centimes
tarif exorbitant
pour que ma mère ait quittance de cet infime
et de l'envoûtement) ;
- les mystères affreux du préau, dans la cour
de récréation
ou des gamins peureux simulaient de l'amour
avec précision
les principales attitudes
et donnaient toute latitude
à leurs instincts de vrais cochons
- en jugeait ainsi ma Conscience
et je m'effrayais du mélange
de l'ordure et de l'innocence
que présentait la Création.