La voiture a longé
Le bord du can*l
A traversé le pont
Devant l'hôpital
Puis s'est enfoncée
Dans le ventre de la ville
Aspirée par le flux
Des autres automobiles
Le brouillard de novembre
Commençait à tomber
Il essuya la vitre
Couverte de buée
Il essaya de n'pas trop
Repenser à elle
De se replonger
Dans son monde habituel
Réfugiés sous leur manteau
Les pa**ants anonymes
S'arrêtaient, repartaient
En jetant aux vitrines
Un regard désolé
Presque en s'excusant
D'être ainsi dépa**é
Par la vie, par le temps
L'espace d'un frisson
Il crut dans la pénombre
La revoir un instant
Mais ce n'était qu'une ombre
Déjà les néons
Envahissaient la nuit
En novembre le jour
S'éteint en fin d'après-midi
D'un geste machinal
Il prit une cigarette
Un clochard contre un mur
Agitait sa casquette
Était-elle encore là
Était-elle repartie
Était-elle dans ce train
Qui l'emmenait loin d'ici
Un marchand de journaux
Vendait à la criée
Les quotidiens du soir
Les derniers imprimés
On pa**ait devant lui
Sans y prêter attention
À chacun ses soucis, ses problèmes,
Ses occupations
Et l'étau de la ville
Se refermait ainsi
Tout était bien conforme
Exact et précis
Même les solitudes
Semblaient trouver ça normal
Et l'eau pourrait couler
Longtemps encore
Sous le pont du can*l