Me battant à mains nues contre la nature même du temps
En remontant tant bien que mal son héraclitéen courant
Il m'arrive parfois de voir ressurgir ou renaître du néant
De vieux souvenirs de ce que je pus observer du projet d'antan
Ma mémoire d'habitude traîtresse et oublieuse
N'a pourtant rien perdu de cette cérémonie fabuleuse
Destinée à tracer une voie d'or un nouveau destin
Pour toute une nouvelle dynastie et ses phantasmes sibyllins
Point encore sous la forme d'une horde
Mais sous celle d'une vulgaire ma**e, fuyant la discorde
Qui faisait alors rage, et qui encore et toujours
Retentit inla**ablement en ce monde et en ses alentours
Le regard vague, pendant, perdu dans le vide
Ces êtres, réunis par le hasard de leur errance
Jurèrent d'une voix unique portée par leur transe
D'exister ensemble, enfin sereins et impavides
C'était là le cri d'une excroissance tyrannisée
Bien décidée à en finir avec toute forme d'impureté
Dès lors, celle-ci se revendiqua de la descendance directe
De la divinité dans sa déclinaison la plus infecte
Ainsi était né le microcosme du mal et de la vanité ; désemparé par la présence du vide, il avait juré allégeance au mystique afin de se redonner artificiellement la contenance que son précédent écroulement lui avait ôté
Mais comment peut-on prétendre à la toujours étantité
Lorsque l'on répète aveuglément les erreurs du pa**é
Qui précisément s'étaient avérées être les zones d'ombres
Ayant projeté le précédent édifice dans le destin le plus sombre ?
Pauvres vermisseaux incapables de déjouer
Le nihilisme lattant s'injectant sous le poids du pa**é !
Les écorces de promesses vides seront bientôt balayées
Par le vent naissant annonçant l'aube démystifiée !
Léchant frénétiquement le sable du désert pour tenter de s'abreuver
Le lion blatérant cherche à déjouer les secrets du sol par sa stupidité
Et voilà cette ma**e traversée par les mêmes tensions
Qui de l'ancien système avaient déjà eu raison
Gonflés par le désespoir et une prétention nombriliste
Les pseudo guerriers avaient répété les erreurs nihilistes
Qui n'a pas d'ailes ne peut pas prendre son envol
Et contempler les routes tracées au sol
S'émanciper et porter sur son corps ensanglanté
Les traces de la révolte athée
Ainsi la pseudo élite s'embourba
Dans sa mystique dénuée d'aura
N'ayant plus rien d'autre à contempler
Que la répétition de l'erreur pa**ivement ingérée
Dès lors étouffée par sa prétention
Elle nia l'échec et la déréliction
Pour mieux se flatter dans le flétrissement
Et l'ignorance qu'elle fustigeait jadis si résolument
Plus que l'attitude d'une tribu : celle d'un monde, d'une espèce…
Réordonnant le monde à l'envers, si absurde, si lointain... si malsain…
Je me coucherai malheureux de soir
Et me réveillerai demain, aussi affaibli qu'un vieillard
Alors hanté par une intuition soudainement intrinsèque :
Celle de l'universalité et de la nécessité de l'échec