On est parti de rien, tiré Du vide à plein la caisse Poussé dans un berceau, Revêtu d'une peau de fesse On est arrivé là, Sans trop savoir pourquoi Sans trop savoir pour qui, On s'est retrouvé en vie Le souffle emprisonné, Dans un corps étranger On s'est retrouvé avec La soif au bout du bec Dans notre noirceur innée, On n'a pas demandé à être Du fond de notre nuit, Le silence infini est maître Dans l'océan rêvé, D'où on fut kidnappé Où nous furent mis au dos, De différents drapeaux De différentes couleurs, De différentes douleurs Des souvenirs enfouis Dans le mal du pays Pourquoi se rattacher À c'qui nous a taché l'enfance? Pourquoi rester debout, Comme des ambulants trous qui pensent? Subsister à tout prix Et sans argent remis Cultiver son lopin, En songeant à sa fin R'garder pousser le béton, Pourrir ses illusions Avec comme une envie, Comme un mal du pays Preserver son jargon En chantant des chansons Fumer une cigarette En liberté complète Et puis sourire aux anges En sortant ses vidanges En profitant d'la vie Et d'son mal du pays