1978 : apprécies-tu l'millésime ? 10 ans plus tard vu d'ici c'était mi-fugue, mi-résine Tu m'situes, plus d'issue, j'ai si vite bifurqué A tituber sur l'bitume, à fuir les difficultés Juste un p'tit qui s'bute, qui s'imagine si futé Qu'instits et darons disputent quand il s'agit d'discuter Mais quels sacrifices tu ferais pour un tas d'biscuits sucrés ? Aujourd'hui je me sens seul comme un gars qui vit sur l'quai 1988 : j'avais 10 piges, j'étais te-bê Un vrai de vrai, de ce qui s'fiche de ces gestes, ces regrets Un ce-gre j'étais refait, ça chouravait des Vespa La cavale était un sport et l'outrage était l'exploit Premier joint, première cuite, j'me rappelle un gros gamin Avec le Diable on était quitte, on marchait main dans la main On formait qu'un ma gueule, un peu comme deux tourtereaux Aujourd'hui je me sens seul et j'ignore le goût de l'euro 1990 : j'roulais v'là l'bédo d'A-I Je découvrais ce putain d'vice et toute ma cleptomanie Les sales blèmes-pro d'la vie, ça allait mal t'as vu Entre les darons qui s'déchirent et les aléas d'la rue A cette époque j'ramenais des notes, on m'parlait pas d'lacune Très vite j'ai squatté les blocs et là le Sheïtan m'a eu Ouais fallait que j'fa**e la thune, j'ai cette grosse envie d'grandeur En c'temps là, ouais mon cousin j'ai le cerveau rempli de rancœur 1992 : la grande vie d'branleur Avec la ge-ra c'foutu blues avait tellement pris de l'ampleur J'pa**ais mon temps à courir, à squatter l'terrain d'foot Pour walou j'avais l'sourire, ma life c'était rien foutre J'étais jeunot, plein d'fougue, sportif en bonne santé Narvalo je n'étais qu'un fourbe, en kiff quand le cône flambait J'étais insolent et violent, et totalement trop sauvage Ça va du collège au collage, au cool-al dans l'œsophage 1.9.9.4. : j'écris, j'rappe ces rimes sommaires Trop d'appétit, d'colère, c'est la dérive scolaire Quand la résine opère, ça m'rafraîchit l'veau-cer J'ai l'baratin du ler-dea, la stratégie d'faussaire 1996 : premier contrat d'travail Fallait qu'on s'tape la caille pour mieux combattre la dalle J'quittais l'foyer familial pour ça mon gars que j'bataille Depuis cette époque je m'a**ume grave, j'raconte pas d'salade Non à fond d'cale ça brade, ça emballe et ça découpe J'étais trop con sans l'savoir rien que d'en parler ça dégoûte 1.9.9.8. : j'essaie d'y croire, j'fumais l'chanvre On fout la misère au Brésil, j'fête la victoire sur les Champs J'avais rencontré l'amour et les joies d'la vie à deux Cette bonté je la savoure, non j'vois pas l'avenir affreux L'an 2000 : en famille, je me rappelle ce réveillon Une foutu bringue chez l'daron et sur ma tête c'était bon C'est la fête, j'fais des ronds, faut l'admettre j'étais con Un an plus tard, j'perds mon taf et j'suis à terre, j'pète les plombs A cette époque j'maîtrisais l'vice, les cœurs et l'poker Tous ces freestyles chez J.C. : mon beatmaker d'Auber' Mes petites liqueurs au bar, les coups shtracks chez José J'devenais le pire de leur cauchemar sous Jack désossé Moi le niak je l'ai dosé, le mic je l'ai rossé Fallait oser pomper l'Pac' c'est une marque déposée 2001 : les deux tours, 2002 : je deviens père J'dois faire honneur à ce jour et j'fais l'vœu de bien l'faire Wesh mon vieux je m'insère et je m'en sors pas trop mal 2003 : j'enterre grand-père et j'prends l'mort face au mal A bout, j'réfléchis la vie j'avoue met des gifles Moi j'ai déjà courbé l'échine mais jamais bouffé les chibres Ouais les couplets je les jette vite, je coule et je végète Là j'me gourais d'échelle et j'découvrais l'échec 2004 : avec Swift, Rossito, j'mets des gifles On sort A base de vers durs, Horizone : c'est l'équipe Une putain d'belle époque, le Suares est bénéfique Joncquaille, sum, récolte, il savait semer les flics 2006 : j'bra**ais, je m'éclatais dans c'business C'était la liesse et l'ivresse, on fête la naissance d'Inès Et c'est l'déclic sin-cou, j'arrête la merde en vitesse Moi j'étais clean d'un coup, j'avais pas pressenti l'reste Y'a v'là les gens qui m'stressent, la gentillesse n'est plus J'ai cette rage qui m'enlise et la hantise d'être déçu Têtu j'arrête le rap, je range ma plume, mes rimes Ironique, 6 ans pus tard, on m'dira "tu l'mérites" 2008 : posé, j'taffe, j'mène ma p'tite vie pépère J'bosse et j'gratte la CAF, y'a l'black qui suit derrière Les allocs, les blèmes-pro, j'baise la ie-v et j'pense pas Les barbeucs, les ker-po, les annivs, les cances-va La vie quoi y'a qu'ça de vrai, j'dis pas que j'économise Je m'apitoie pas, j'la fête, c'climat est au beau fixe La vie est dure, c'est dédicacé aux novices Le fait de vouloir fuir les murs n'évite pas les fautes commises 2010 : saturation, j'quitte Paname J'arrive dans l'sud, j'ai pas un rond, j'a**ure à fond, j'kiffe la vibe Parisien et digne de l'être, j'ai rangé ma connerie C'était Intérim, usine, cueillette et chantier d'maçonnerie J'avais beau pas être feignant, t'as vu la perte de temps Perpignan c'est effrayant, ça a tenu à peine deux ans Soudain la poisse s'y met, j'suis à bout, j'veux qu'ça crame J'étais comme déraciné, appelle ça l'blues de Paname 2012 : c'est l'come back, un ménage qui bat de l'aile Quand j'y repense on déconne grave, c'était tragique ma belle On s'accrochait pour tchi, j'étais fragile pas d'veine Tout ce qu'on récolte aujourd'hui n'est que le gâchis d'la veille 2013 : on en est là, mais dis-moi où c'manège va ? Une nouvelle page dans c'pe-ra mais je la tourne pas cette fois Non je lâcherai rien tonton, c'est la vie ça rend fou Car tu sais très bien qu'au fond, c'est la mif avant tout