Si personne ne te le demande, tu crois savoir qui tu es Mais quand on te pose la question, tu ne sais plus A force d'avoir trop veillé sur le corps d'un autre Comme si la mort pouvait conclure A force de renaître chaque matin encore plus froid que la veille Comme si la vie pouvait gagner A force d'avoir trop peiné dans la peine des autres Comme si l'échec était une preuve Tu vides ta vie au milieu des souvenirs du fond qui baignent Dans les cristaux liquides de ton horloge interne A force de loucher devant la foule Comme un lapin dans les phares Comme si la terre n'était que l'½il droit d'un enfant autiste A force de ne plus croire que les vainqueurs d'hier périront demain Comme si ton mental d'acier avait rouillé Comme si ton masque allait craquer A vouloir gagner sans marquer A tout prix haïr sans compter les intérêts Tu ne crois plus qu'aux balançoires vides Et à l'intelligence des machines Il y'a des dunes où tu es né Il y'a des vagues de lune où tu t'endors Il n'y a plus personne avec qui aller se saoûler Il n'y a plus d'amis Il y'a des partenaires Il n'y a plus d'ennemis Il y'a des clients Le couteau ne se porte plus entre les dents Il se porte dans le dos Le c½ur dans le dos Les années pa**ées et à venir dans le dos Avec ou sans toi demain lui il sera là Les matches seront disputés par des robots On croira que ce sont de vrais hommes parce qu'ils saignent Avec ou sans toi demain lui il sera là Avec une jeune femme qui recherchera une place de caissière Avec un vieillard qui suivra les bulles de savon de son enfance et se fera renverser par une voiture Avec au milieu de nulle part le condamné à mort qui se fera lire les lignes de sa main une heure avant son exécution Il fumera deux cigarettes, on lui refusera la troisième et on lui a**échera le fond de l'½il Ta vie qui jusque là te suivais comme un mort vivant est en train de s'endormir Tu regardes la nageuse mécanique remontée à l'infini s'éloigner Comme si elle était la plus belle transfusion dont tu n'avais jamais rêvé Il y'a des dunes où tu es né Il y'a des vagues de lune où tu t'endors Il n'y a plus personne avec qui aller se saoûler Il n'y a plus d'amis Il y'a des partenaires Il n'y a plus d'ennemis Il y'a des clients Le couteau ne se porte plus entre les dents Il se porte dans le dos Le coeur dans le dos Les années pa**ées et à venir dans le dos Désormais tu es prêt à intégrer définitivement l'Esprit Maison Tu ne veux plus entendre le ciel couler dans la mer Tu ne veux plus croire à la couleur des odeurs Désormais tu ne perdras plus car tu seras sûr de gagner Tu intègreras définitivement l'Esprit Maison Ce sera le dernier prétexte de cette vie à blanc qu'on oubliera aussi vite qu'une histoire drôle Ce sera le dernier prétexte pour voir venir Décompresser un coup Montrer ses limites Tout en retenant les chiens