Voilà, il est revenu Il est entré par la fenêtre Il est tout pouilleux tout cul nu Comme un enfant qui vient de naître Tombé d'un train d'atterrissage Du fin fond bâché d'un camion D'un bateau bravant les naufrages Il voudrait rester pour de bon Voilà, il en est revenu Des peurs, des dangers, des famines Des guerres oubliées ou perdues Où chaque matin l'a**a**ine Des camps de réfugiés lointains De déserts, de terres inondables Où seul le désir de fuir loin Rend chaque journée supportable Je n'lèv'rai pas la tête Je n'dirai pas qui je suis Pour qu'si quelqu'un m'arrête On n'm'renvoie pas d'ici Chez moi comme chez vous autres Le monde court à nos pertes Je n'demande rien d'autre: Que les portes restent ouvertes Mais voilà, il est revenu Qu'est-ce qu'on dit, comment t'on en parle? Si j'dis d'lui qu'il est un intrus C'est l'monde que j'refuse à ma table Le jour on s'cotise, s'apitoie La nuit on blinde les frontières Un mur par ci, un mur par là Et c'est moi le garde-barrière Voilà, tu es revenu Entre ici comme dans un moulin Bois de ce bon vin que j'ai bu Et mange pour apaiser ta faim Nos deux vies sont un seul miracle Nos enfants pourraient bien s'aimer Si c'est à toi que l'on s'attaque Lors c'est à moi de le chanter Je veux lever la tête Je veux dire qui je suis Pour qu'si quelqu'un l'arrête On l'renvoie pas d'ici Chez moi comme chez bien d'autres Le monde couvre ses pertes Je demande qu'entre autres Les portes restent ouvertes