[Couplet 1] Seul le premier vers coûte, le reste suivra Yo, qui vivra vira ivre Créer un empire, souffler sur les cendres Comme Sisyphe j'grimpe la pente pour mieux la redescendre Evidemment rien n'change, tout n'est que point de vue Au carrefour des illusions il n'y a point de rue Quelques putes en haillons, ils les appellent Espoir Deux ou trois clochards qu'ils auront oublié l'soir J'gratte un texte de plus dès que le spleen s'immisce Quand j'ai le blues, j'en écoute un de Bessie Smith Vous salue bien bas mes frères et sœurs La poésie est un meilleur antidépresseur Nos sapes sont des tombes, le métro en guise de nécropole Nous : vulgaires guillotinés au maigre col Ce monde c'est l'art, Dieu et l'homme dans un viseur Fruit du siècle des guerres totales et du téléviseur [Couplet 2] Songez à l'horaire, vous chantez à l'oreille A l'orée des ères désertes, d'un morceau d'sommeil Avec la triste mine d'un rêve gâché Bâtis mon soleil à l'ombre d'un vers mâché Il n'y plus qu'des cris dans des fonds d'trachée Les espoirs, les plus beaux meurent sur des pages tâchées Ça n'annonce rien d'beau comme une volée d'dragées Le nectar du temps tourne jusqu'à être craché Étrange comme on s'enlise dans nos propres luttes Organisant avec méthodes nos propres chutes J'goûte la beauté comme un épais tourment Loupe le virage quand les choses prennent un mauvais tournant Creuser en soi comme Antonin Artaud J'utilise ma foi, ma plume et mon putain d'argot Aucune montre au poignet pour éviter l'abîme Aucun lest au cœur pour mieux viser la cime [Couplet 3] Il n'y aura pas d'révolution, nos âmes sont déjà des ruines Et tout l'monde le saurait si le Diable savait faire des rimes Les créateurs s'enlisent dans des quatrains de braises La destruction est immanente comme l'instinct de baise Le bonheur n'est jamais qu'une idée libérale De considérable notre chute est devenu sidérale L'Homme vivant encaisse avant d'finir en sang Chaque échec : un coup d'couteau dans tes rêves d'enfants J'enfile une paire de pompes, la vie sera ma part de rêve Hors du temps en attendant que ce bâtard me crève Au fond d'un bar pourri, j'écris un texte de plus Et sans ma plume je n'suis qu'un mec de plus