[Couplet 1: Lucio Bukowski] J'écris dans des bus, dans des bars, grands thés russes, cafés noirs Gratte et plus dans des gares, jolies muses, désespoir Ne rie plus certains soirs, cautérise idées noires Saute et glisse, beauté mise en émoi Je voulais le choix, mais l'encre ne m'en laisse aucun Pure victime comme un mur couvert de SOK Porte la médaille des poètes maudits sur l'épaule Mes seuls modèles sont morts, solitaires et pauvres J'écris vite et précis quand leur monde se rétrécit Sauve mon âme, les leurs sont livides et dépressives Se déprécient et, au final, ils se résignent Frère, quand j'aurai perdu la flamme, je vous ferai signe J'aime inventer des visions afin d'éventer mes raisons Mon art est un loup, donc il vient souffler vos maisons Ébruiter nos impressions, miser sur de beaux tessons Viser l'oraison puisque tout meurt si nous nous taisons Trêve de poésie, nos vies sont des giclées d'encre Et, au pire, les ratures compenseront les manques Dans ce monde, seuls les mots peuvent me rendre ivre Écrire sera mon unique acte libre J'écris et ainsi je vie et prie et, ainsi, je jouis Au commencement était le verbe, et depuis je gis Éclopé, je signe de beaux raps en papier vélin Pour les gens seuls, mes chiens errants et mes félins [Couplet 2: Anton Serra] J'écris, je crée, je crie, je crains le creux dans un coin de mon crâne Sans ça, d'ennuie je crève et retranscris le cri de nos drames Je trame sur filigrane, égraine mes pensées de mes petits pansements J'écris, je saigne une page blanche en guise de petit pansement J'écris mes regrets, mon grand, je gratte la feuille car y'a d'quoi être froissé Comme voisiner avec l'inspiration sans jamais la croiser J'écris, j'me creuse la tête et peut-être bien pour la soulager l'poids Bossu devant l'format pour ne faire qu'un comme collage et doigt J'écris, j'écrase et couche les mots sur petits carreaux, jolis vichy Ça sert au moins comme un sourire, quand on peut l'afficher J'écris, je réfléchie, je chie sur l'inertie, merci messieurs J'vous ai pas attendu, tendez vos pièges à de plus ambitieux J'écris, je cherche, je trouve Si c'est pas l'cas, je fais graffer le crayon Tu triches, tu perds, tu croules C'est bien ta place tout en bas du rayon J'écris, tu prêches, je groove Garde ta morale pour tes maudits fistons Tu frimes du derch, je trouve Ton encéphale est un esprit fisté J'écris, je traîne l'envie de croire encore à ce que j'ai cru C'est triste, je sais, j'me cache des trucs J'suis pas tout blanc comme le lait cru J'écris l'écrin de mes pensées, j'me sers d'la page comme un écran J'apprends à prendre que les bons cotés quand je suis à cran J'écris, j'accroche syllabe après syllabe, les petits grains dans l'silo J'ai la rime vacillante au sommet de l'arbre quand elle va si haut J'écris, je crée, je crie, je crains le creux dans un coin de mon crâne Sans ça, d'ennuie je crève et retranscris le cri de nos drames