Les Goristes - Le dix sept avril 1950, Edouard Mazé lyrics

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Les Goristes - Le dix sept avril 1950, Edouard Mazé lyrics

paroles: Yvon Etienne, musique: Jacquy Thomas Le nom d'une petite place, une bande dessinée, quelques vieux souvenirs, des journaux découpés racontent à qui le veut, tout ce qui s'est pa**é, seconde après seconde, sans rien oublier, ce lundi dramatique, en plein cœur de la ville, en mille neuf cent cinquante, l'dix sept du mois d'avril. Dans Brest encore ca**é, ils voulaient trois mille francs, la somme que réclamaient les gars du bâtiment, par mois et pour chacun, à quelques sourds patrons, qui s'gavaient sur l'autel de la reconstruction. Et puis sur le port «de», lui aussi bien en ruines, attendaient des bateaux partant pour l'Indochine, mais leurs cales étaient vides grâce à certain dockers qui refusaient d'charger le matériel de guerre. Y'avait donc du pognon pour rougir les rizières mais y'avait plus un rond pour gonfler les salaires. Tout ça, plus “l'oncle Sam” qui voulait faire virer les élus de tout poils qu'étaient pas d'son côté, faisait un tas d'raisons pour que la ficelle pète en mille neuf cent cinquante, en avril, le dix sept! L'conseil municipal avait pourtant voté une petite subvention, à l'unanimité, pour acheter du lait et le distribuer aux enfants des grévistes à demi-affamés. Mais le maire de l'époque avait bloqué les fonds, c'qui avait provoqué une belle protestation. On vit dans la mairie des femmes en colère, quelques députés, dont madame Marie Lambert, qui fut le lendemain serrée par les perdreaux alors qu'elle descendait du train de Landerneau. Et c'est pour obtenir sa r'mise en liberté, qu'un grand ra**emblement fut vite organisé sur la place du même nom, autour de treize heures trente l'dix sept du mois d'avril, en mille neuf cent cinquante. Le cortège se dirige vers la sous-préfecture, quand il est arrêté par un terrible mur, un mur fait d'uniformes, de galons, de fusils, qui ferme le chemin aux travailleurs surpris. Certain protestataires se disaient y'a dix ans y'en avait pas autant pour stopper les Allemands. Et c'est un peu pour ça que vola le premier, le premier projectile de cette triste journée. On vit partir de tout, même les boîtes de sardines qu'un marchant ambulant vendait au cœur des ruines. La bagarre était rude au milieu des baraques, tout était mélangé, les casquettes et les casques, la pierre et la grenade, l'militaire, le civil, en mille neuf cent cinquante, l'dix sept du mois d'avril. Pour compléter le nombre de gendarmes requis on prit des hommes venus des brigades du pays, commandés par des chefs un peu plus compétents, qu'avaient du faire leurs cla**es au camp d'Chateaubriand. Et c'est tout près du mur de l'hopital Morvan qu'un officier nerveux, craignant l'encerclement, donna l'ordre à ses hommes, donna l'ordre aux gendarmes, de sortir de leurs sacs de quoi charger leurs armes. C'est ce que vit un gars qu'était accroupi là, en train d'poser sa pêche au milieu des gravats, position dérisoire, le ben' sur les souliers, quand les détonations a**ourdirent le quartier. Le silence retomba avec lui la tourmente l'dix sept du mois d'avril, en mille neuf cent cinquante. De peur et de stupeur tout le monde s'allongeait, dont un père de famille qui n'se releva jamais, d'une balle dans la tête, il s'était écroulé près de ses camarades, qui n'étaient que blessés, qui une jambe arrachée, un autre touché au pied, avec des projectiles tirés par des gradés qui visent mieux le rouge, que le jaune ou le blanc, l'histoire de France est pleine de ces glorieux moments. On a su bien après que les ordres étaient clairs, qu'il fallait seulement, seulement tirer en l'air, mais c'est ainsi qu'à Brest, un jour gris de printemps, un homme trouva la mort, il y a soixante ans. Que cette date rentre, dans nos cœurs et nos têtes: Mille neuf cent cinquante, en avril, le dix-sept! Le nom d'une petite place, une bande dessinée, quelques vieux souvenirs, des journaux découpés, racontent à qui le veut tout ce qui s'est pa**é seconde après seconde, et sans rien oublier, ce lundi dramatique, en plein cœur de la ville en mille neuf cent cinquante, l'dix sept du mois d'avril!