Texte de Jacques Bouilliol Le laboureur, un ancien paysan et creuseur de sillons le dimanche soir dans les bals de la région (tu vois c'que j'veux dire) décida de prendre sa retraite parce que son soc était complètement rouillé donc plus moyen de s'en servir. Il s'installe à Recoucou où il est devenu bénévole dans le patro laïque du coin. Sa première pa**ion c'est son p'tit jardin à Keroual pour planter quelques ‘tites patates et autres agrumes de même calibre. Son deuxième violon complètement dingue c'est la pêche aux ormeaux sur la digue au port de co. Dans l'quartier on le surnomme la bourrée parce qu'il taille souvent en riboul avec ses kilbus dans ses sacoches à vélo, et là évidemment tout le monde chantait “la bourrée, la bourrée” Remarque ! Ses copains d' piste étaient pas mal non plus, ils avaient tous des clingues en capote de fiacre, donc ils marchaient sur leurs paupières direct et ils taillaient tous à la dreuz et en vrac complet. Des pistards mais sympa quand même quoââ ! Hé, ho, matelot, depuis pas mal de semaines on ne voyait plus le sillonneur. Ouais, tu parles, il était resté cloué dans son plum' à cause d'avoir attrapé un courant d'air, et voyant son arme pa**er à gauche alors qu'il est droitier, il se dit : Oh, nom d'un chien je commence à sentir le sapin ! Et en flux y avait dans le coin de sa chambre l'Ankou qui attendait impatiemment qu'on vienne surtout ouvrir la porte parce que le pli d' son dos était coincé dans l' chambranle ! Complètement cinglé ! Comme je disais il allait pa**er sa vie à trépas-là ! Un petit village où tous les belous ont le prénom de Jean : Jean Trépas - là ! waouh !! Dans l'bled vivait un toubib sorcier, qui avait vécu dans les DOM et TOM, qui lui prescrivit de bouffer en pagaille ses patates ou ses ormeaux et qu'il serait guéri tout de suite, Tac ! Au poil ! Ni une ni deux ! L'appel au peuple ! Il convoque ses vieux copains et trois jeunes qu'il avait entraîné au landi pour la fête de la jeunesse dans les années soixante à Menez Paul Allez les poteaux ! Au turbin ! Suez comme des vaches et ramenez moi autant d'ormeaux que de patates au fond du filet et comme ça je serai sauvé. Le hic c'est qu' son jardin était resté en friche depuis un moment et ses vieux potes avaient beau creuser, creuser, tiens ! Que nib, que dalle ! walou ! Que tchi dans la rouille ! Que couic ! Autant le dire tout d' suite: rideau, foie d' veau, tintin quoââ ! Par contre les jeunots ne sont pas restés comme des tacauds dans la vase, ils ont ramené vachement d'ormeaux que le laboureur s'empressa de grailler, un petit aller-retour sur la poêle avec un ‘tit peu de persil et de l'ail pour l'haleine fraîche quoââ ! Un bonheur tout simple. Sur le champ (normal pour un ancien paysan) il fut guéri, donc baisé-biel pour la faucheuse qui s'en alla à toute berzingue en tutu et en rollers complètement dépitée, écœurée et le pli de son dos en lambeaux Moralité : - “faut mieux avoir des camarades jeunes que des potes âgés ! Allez, salut les poteaux !”