Laureline Dès que le jour décline Laisse mourir dans le métro Une journée de trop Perdue comme un grain de sable Elle se sent un peu minable En secret Elle aurait préféré Faire des fouilles à Istanbul Très loin de la foule Sortir une ville des sables Déchiffrer des incunables Sur les rails Elle croit voir des papayes Elle s'approche au bord du quai Elle veut les croquer Poussée par un vent de sable Elle s'envole comme dans les fables Laureline Rattrape la gamine Elle qui faisait ses adieux Elle ouvre les yeux Est-ce qu'il est né dans les sables Laureline le trouvait mâle Elle lui dit J'ai 20 ans aujourd'hui J'ai jamais connu la mer Le vent du désert Je veux marcher dans le sable Pieds nus c'est indispensable Il lui dit Je connais que Paris Vue du métro aérien La ville de rien Un immense château de sable Regarde Ils se disent On connait pas Venise Ni l'amour ni ses épices Le souk de Tunis Où l'on trouve la rose des sables Ils s'échangèrent leur portable Les sirènes Du métro les ramènent Aux vérités de Paname Elle saute dans la rame Le temps d'une poignée de sable Et le soir Seuls à leur table En sourdine On entend la speakerine Annoncer un été chaud Le désert bientôt Si un jour Paris s'ensable Tout redeviendrait faisable