Souvent pour s'amuser les hommes d'équipages Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers Qui suivent, indolents compagnons de voyage Un navire glissant sur des gouffres amers À peine les ont-ils déposés sur les planches Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux Ce voyageur ailé comme il est gauche et veule Lui naguère si beau, qu'il est comique et laid L'un agace son bec avec un brûle-gueule L'autre mime en boîtant l'infirme qui volait Le poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête, et se rit de l'archer Exilé sur le sol au milieu des huées Ses ailes de géant l'empêchent de marcher