La Canaille - Le Dragon lyrics

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La Canaille - Le Dragon lyrics

[COUPLET 1] La première fois que je l'ai vue, c'était au taf derrière une presse Nouvelle recrue du staff qui débarquait en stress Jeune OS au visage pale, profil fantomatique Elle était maigre, discrète, en marge du reste de l'équipe Percée, tatouée, habillée kaki de la tête aux pieds Les anciens la toisaient sourire en coin, hallucinaient Elle ne parlait à personne, elle usinait ses pièces Reclue dans son monde, deux yeux bleus emprunts de tristesse Elle prenait sa pause au loin, à l'abri des regards Et trente minutes plus tard, revenait toujours plus zen qu'à son départ La langue lourde, le geste lent, elle retrouvait sa place Et finissait sa nuit maladroitement, plus très efficace Qu'est-ce qu'elle faisait toute seule pendant son temps de repos Je me demandais qu'est-ce qui se tramait dans le noir de l'entrepôt Un soir son sac était ouvert, je suis venu la remplacer Et ce soir là, j'ai vite compris malheureusement ce qui se pa**ait [REFRAIN] Une flamme, une feuille d'aluminium, une paille Quelques milligrammes de résidu d'opium Une poudre blanche qui chauffe et s'évapore dans les bas fonds Un regard vide de plus qui suit la goutte et s'en va cha**er le dragon [COUPLET 2] Originaire d'un foyer pauvre, seule fille d'une famille nombreuse Enfance traumatisée par un père aux mains plus que baladeuses À seize piges, elle claque la porte de chez elle en quête d'une nouvel aurore Attaque la vie avec l'homme qu'elle aime sans regret ni remord Dix ans de plus qu'elle, c'était son premier keum, son premier joint Mais avec le temps et l'enfer de la rue, le charme des premiers jours s'éteint Le type se révèle un trou de balle qui aimait faire parler ses poings Demain c'est loin c'est sûr et dans ses bras ça refoule le mauvais vin Elle aurait bien repris les études, pourquoi pas taffer dans le social Mais vu son profil, l'effort à fournir lui paraissait colossal Tellement déconnectée, au bas de l'échelle, aucune confiance en elle Elle avait perdu la niaque, baissé les bras et fumé son potentiel Elle vivotait, entre la manche, le RMI, un peu d'intérim Se traînait péniblement de squat en squat au plus profond de l'abîme Et c'est comme ça, que de villes en aiguille, ça vire à l'héroïne Et que chaque soir à cette époque, je la retrouvais fonsdée à l'usine [REFRAIN] [COUPLET 3] Et un jour, elle est partie, je ne l'ai plus jamais revue Elle s'appelait Mélanie, va savoir ce qu'elle est devenue Et depuis je n'arrive pas à l'oublier, son visage me poursuit Il y'a comme une ombre qui se traîne, une âme en peine qui plane et hante mon esprit Je vois la tête de la détresse, la face creusée du désespoir La gueule défigurée de l'asphyxie qui resurgit de ma mémoire Ce regard triste et froid que tu ne côtoies que chez les ventres creux À l'endroit où drogue et misère s'unissent et sortent le grand jeu Au bout de cette ligne de chemin de fer, je vois la tête de la femme famine Seule face à ses démons, la gueule meurtrie du fond de la mine Elle gonfle ses poumons d'une effluve opalines, cherche l'étincelle Coincée dans l'enceinte pourrissante d'un vieux ba**in industriel Et elle me fixe, silencieuse et immobile, parait détendue Pique du zen pendant que ses veines se gonflent de ce produit défendu Je vois la tête du désarroi, la tête transpirante de la défaite Elle est prête, elle rentre dans l'antre de la bête [REFRAIN]