Oh, tu sais combien je t'ai cherchée sans dire Toi qui fais la raison de vivre, tu ne sais Combien je t'ai rêvée si généreuse et libre De toi, de tes désirs, ta beauté, tes secrets De toute chose enfin que tu possèdes et vole De la perfection même dans l'air cet allant Ce foulard que tu mènes comme la foi folle Dans l'amour, ce qui fait docile le couchant Soudain qui à tes pieds s'enroule les yeux bons Comme un fauve dompté au signe s'abandonne Je traînais dans un mauvais film une vie d'homme Tu distribues aux pauvres la terre et ton nom Phare éclaté, pascale aurore ou pluie d'été Tu viens vers moi, et moi de l'écran je débarque Un marin ivre de fatigue et qu'on remarque À cette vacuité hagarde sur le quai Longtemps d'horizon vide fait ce regard vide Et toi par tes vingt ans d'audace projetée Tu jaillis du dédale de l'éphéméride Jeune fille pour lui jetée, je t'attendais L'interminable banlieue sale qu'est la Terre La forêt brûlée où l'on saigne les années Le glacis des prudences et du mensonge et l'aire Du mal, tu ne veux rien savoir, je t'attendais Je te donne mon poing fermé et quand tu l'ouvres Forçant les doigts tu vois la boussole écrasée J'ai quarante ans sur la photo qu'un ciel bas couvre Cette image est douloureuse, si tu savais Comment renaît le chant, tu connais le miracle Tu n'as pas peur, tu répètes "Je t'attendais" Tu me conduis dans mon embâcle Tu le sais, je t'attendais