Jacques Bertin - Le pa**é ? lyrics

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Jacques Bertin - Le pa**é ? lyrics

Un pa**é avec des ancêtres, des ancêtres, des ancêtres Une sombre foule d'ancêtres montés d'infinis là-bas D'infiniment très vieux pays au rythme ca**é des charrettes Avec leurs hardes, leurs chansons, leurs hameaux noués dans des draps Un pa**é noir comme une nuée dans le ciel d'orage Pourquoi donc croyez-vous que nous aurions si longtemps voyagé Sans autre espérance que l'espérance et dans lâge sans âge? Il fallait faire avec et faire comme si, et avancer Parmi les ma**acres, les épidémies, les viols, les famines Les obus sur l'église tombaient, on distribuait les rations Les nouveaux-nés pa**aient de main en main dans les gués, dans les ruines On chargeait les enfants à l'aube, à la hâte, dans les camions Il fallait avancer, roman interminable, peuple en loques Comme s'ils t'aimaient, comme s'ils avaient toujours marché pour toi Des valises de certificats, des chapelets, des breloques Pa**é le col, Polonais, Kabyles, Gaulois Quelques billets gluants, quelques photos, un livret de famille Aux pages qui s'en vont dans l'eau ou comme une vaisselle d'or Ceux qui ne peuvent plus marcher dans les regards des jeunes filles Se réfugiant pour y enterrer le drapeau brûlant encore Le V.R.P. bouffant tout seul, le soir à l'hôtel de la gare La domestique congédiée, l'apprenti qu'on ne reprit pas Le moissonneur qui fut amputé sur place à la lueur des phares Les cadets de Saumur en juin l'été où l'ennemi pa**a Et ils sont là, et les voilà qui tambourinent dans ta porte Nous voulons dans ta maison vide et ton âme nous installer Nous sommes le pa**é vivant que l'histoire en grinçant t'apporte Nous monterons nos tentes de papier ce soir sur ton palier Les réfugiés au port, le pa**eur qui courait entre les tombes L'entrée des mineurs dans la ville avec leurs gueules de bandits L'institutrice a dit "Nous reviendrons sur l'aile des colombes" Les curés rouges, Les soldats perdus, les poètes maudits Les chants des carabins, le rire de la mitraille et la gloire Le ciel de la barricade et les rosiers fleuris ce matin Courez petits enfants, on a trouvé des monnaies dans la Loire L'aile du deuil pa**ant sur le parc, l'officier tué à Verdun Quel dèsorde dans ce hangar, quel vacarme dans la mémoire Le bric-à-brac des pauvres, les idées dépa**ées, l'espoir vain L'aube sur les exécutions, l'inconnu noyé dans la mare Le copain qui voyait la Vierge, la religieuse au Tonkin Bonjour! Il faudra que ce soit toi qui nous emmènes Sans savoir où bien sûr mais qu'importe, tu pa**eras devant Nous avons semé les dragons, les bleus, les indics et la haine Les caméras nous ont perdus dans le dédale des étangs Dans le chagrin, dans les marais, dans la débâcle des poèmes Et les nabots et les poivrots, les estropiés suivaient de loin Regarde en arrière et ainsi tu verras où l'espoir te mène Pressons le pas, c'est par ici, faut pas traîner dans les chemins Cité des Lilas, des Tilleuls, grandes barres, cité sans âme Fermes de pauvres, taudis, salles communes au poêle éteint Comment ferons-nous pour pa**er puisque nous n'avons aucune arme? Chambres de bonne avec lavabo, avenirs donnant sur rien La retraite jusqu'à Moulins, le défilé de la victoire Le petit des voisins est mort, la gosse a pris un Italien La fin de la sécheresse et les bateaux revenus en Loire L'atelier à treize ans et l'oncle avec son Berliet à pneus pleins Le STO, tu m'écriras! Les trente mois, non à la guerre! Tout ce que nous avions rêvé, tout ce qui ne servit à rien Le nouveau syndicat, le bétail fut dispersé aux enchères La grève, les fourches, les faux, les poings levés, le prix du pain Le docteur dans la côte avec le lumignon de la tendresse Le toit bleu de la vieille école et le jardin de l'hôpital L'infirmière sur son solex, vaillante comme la jeunesse Le soir, les vélos par centaines rentrant le long du can*l Et les voilà: tous Poulidor, tous Dupont et tous dans la tête Mais range-toi donc, animal! Tu nous gênes pour avancer Bouge-toi, imbécile, pas besoin de croire pour en être Avance ou bien pousse ton siècle dégonflé dans ce fossé Tu gênes les gens, petit homme en déguisement post-moderne On te demande pas de croire, on te demande d'avancer Dispense-toi de commentaires, dégage ton âme en berne Petit homme contemporain en plâtre, laisse-nous pa**er!