Olivier Cachin - Tunisiano, Un Sniper En Solo - Part 1 lyrics

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Olivier Cachin - Tunisiano, Un Sniper En Solo - Part 1 lyrics

Bachir, alias Tunisiano, a 34 ans. Soit à peine deux de plus que b**ba quand il rappait « NTM, IAM, Solaar sont des antiquités ». Mais s'il a la nostalgie d'une époque où la plume comptait plus que l'attitude, où le fond dominait sur la forme, le MC de Deuil-la-Barre est bien ancré dans le présent. Son nouvel album Marqué À Vie est d'une richesse lexicale et linguistique qui ra**urera les fans. Des fans qui attendaient depuis « Hurricane Carter », premier single sorti voilà seize mois, en octobre 2012. Le résultat est à la hauteur des espérances et parmi les titres forts, on citera bien évidemment le duo avec Lino « Val 2 Zouave », le duo avec Youssoupha « Ils Nous Condamnent » mais aussi les très polémiques « Si On Se Disait Tout » et « Les Oreilles Qui Sifflent ». Ma rencontre avec Bachir a lieu à Paris dans le studio Masterdisk, près de la place de l'Etoile, où il a enregistré des titres de son solo. Voici la première partie de cet entretien avec un vrai pa**ionné qui refuse, contrairement aux hommes politiques, de « pratiquer la langue de bois à en devenir ébéniste ». Tunisiano, que s'est-il pa**é pour toi ces dernières années ? Mon premier album solo , Le Regard Des Gens, est sorti en 2008. Après il y a eu des conflits juridiques avec mon ancien producteur, Desh Musique. Ça m'a un peu mis des bâtons dans les roues mais j'ai réussi à m'en sortir. En octobre 2011, on a fait un album de Sniper avec une nouvelle formation en duo, Aketo et moi, À Toute Epreuve. Et maintenant ce nouveau solo, Marqué À Vie, en mars 2014. Le hip-hop change vite. Ton écriture a-t-elle aussi changé ? En fait c'est ta vie qui évolue, tu la vois différemment et ça se traduit dans les écrits. La nouvelle génération arrive et tu as envie de montrer que tu es là, que tu n'es pas mort, que tu es toujours opé pour les botter. L'âge fait que tu t'a**agis par rapport à certains mots bruts de décoffrage. Y a-t-il une évolution dans la rapidité d'écriture quand on a 34 ans, dont plus de quinze dans le rap pro ? Je viens d'une école où la rime primait sur la technique et le flow. J'ai gardé cette méthode et du coup je mets plus de temps pour écrire. Je ne vais pas plus vite, ça a pu nous causer des torts auparavant. J'essaie d'être précis, d'employer le bon mot. J'ai cette même virulence, mais avec l'âge je me découvre un côté poète qui n'existait pas quand j'avais vingt ans. Sniper a connu les procès et beaucoup de controverses : ça compte dans une carrière ? Une fois que c'est là on fait avec, je n'ai pas à en rougir. Mon rap a toujours reflété mes convictions, j'ai toujours été contre les choses qui me débectent. Ça peut paraître démago mais c'est comme ça que je fonctionne. Certes il y a eu le remue-ménage médiatique mais ce que les gens ne savent pas c'est qu'on a été interdit de concerts, une tournée a été annulée, en 2014 on est toujours interdits dans certaines communes parce qu'on est le groupe qui a eu des problèmes, fut un temps, avec le ministre de l'intérieur. Alors qu'il n'y a jamais eu de problème dans les concerts et qu'on a gagné nos quatre procès. On a toujours eu gain de cause même si on a été attaqués à plusieurs reprises sur différents chefs d'inculpation, d'abord par la Licra puis par le ministère de l'intérieur, pour « Jeteur De Pierres » et « La France ». Ils ont fait un package avec ces deux titres et ont dit que Sniper était un groupe raciste et antisémite. Ce qui est totalement faux : on dénonçait nos vérités à nous, peut-être que ce n'est pas à leur goût mais c'était les nôtres. On est pa**é devant les tribunaux à maintes reprises, on t'avait d'ailleurs sollicité à l'époque (j'avais été « témoin de moralité » pour Sniper lors d'un de leurs procès, NDR). Ça a fait couler beaucoup d'encre mais la justice a tranché, ça veut dire qu'on a toujours été innocent. Etre en procès, ça n'est pas de la promo ou rigolo. Souvent, les gens ne savent pas ça. On est vraiment dans la définition du buzz : tous les médias parlent de toi, tu es au JT de France 2, et les gens blablatent, « le groupe sulfureux, les méchants rappeurs », mais derrière ça c'est des grosses sommes que tu lâches à ton baveux, des heures pa**ées sur la route, des journées perdues, les rendez-vous avec des avocats, les appels… C'est usant, et c'est une stratégie. Ils veulent te faire mal au porte-monnaie et que du coup, de ton plein gré ou par sagesse, tu lèves le pied et tu arrêtes d'être aussi taquin ou sulfureux sur certains sujets. Youssoupha, dans le duo « Ils Nous Condamnent », parle de démagogie. Peux-tu nous expliquer dans quel contexte ? Là où ça devient très problématique, et je vais clairement parler des médias, c'est que d'un côté, quand on fait des morceaux lisses, politiquement corrects, on est vus comme les gentils, les rebeux ou blacks de service. Et quand on dénonce certaines choses toujours d'actualité -parce qu'au final qu'est-ce qui a changé depuis l'époque de nos parents ou même de nos grands frères ?- , dès qu'on met le doigt sur ça, on nous dit « Oh, encore les mêmes sujets, c'est démago ». On est en 2014 et c'est encore et toujours la même chose, un éternel recommencement comme le dit Youssoupha. Qu'est-ce qui est bon au final ? Quand c'est ta vérité, autant le dire et aller jusqu'au bout.