Des mois que je patiente dans cette prison maternelle Encore deux, trois réglages, je serai bientôt opérationnel J'attends sans réel but, bien seul dans les ténèbres L"esprit encore paisible, loin de mon destin funèbre Pourquoi donner la vie alors qu'on finit par mourir La naissance est un crime, on respire pour pourrir Conçu un soir d'ivresse à la "Irréversible" Je suis le résultat de pulsions d'un gars pétant un fusible Expulsé avec violence dans un temple profané J'étais la pétale qui poussait sur la trompe d'une fleur fanée Une graine épineuse est en train de germer Dans le terreau d'une femme violée et bafouée Un œuf aux dents d'acier baignant dans le chagrin Le chagrin d'une mère enceinte du fils du malin Je grandis lentement écoutant l'écho de sa peine Je sais que son amour sera mélangé à la haine Je suis un peu comme le fils de Rose-Marie Sauf que j'ai les gènes d'un tueur en série J'avais déjà dans les veines le poison du mal Et les glaciales pensées d'un malade mental Dans le lac des enfers au liquide amniotique Je marche dans ce désert au sol volcanique Je me sens coupable de continuer à vouloir vivre Est-ce que derrière cette porte je la verrai sourire? Je sais même pas comment mettre fin à mon processus Les marches du fœtus se suicidant dans l'utérus Le temps pa**e doucement l'horloge m'indique pas l'heure Parfois au fond de ma caverne j'aperçois une faible lueur Que vais-je devenir une fois que j'aurais mis la tête dehors J'espère que je pourrais enfin connaitre le sens du mot bonheur Déjà dépressif alors que je suis à peine formé Je serai inoffensif tant que je serais enfermé Tout est étrange, je vois le décors se liquéfié Ainsi que le peu de repère que j'ai acquis se volatiliser Je sens comme un nuage de vapeurs d'alcool flotter Le gout d'un parfum de médoc venant s'emmêler C'est la créatrice qui se console avec la bouteille Mélangée avec la merde des vendeurs de sommeil Voulant fuir la malédiction de ces terribles nuits Elle cherche la mort pour sombrer dans l'oubli Je n'entends plus les battements de son cœur Elle ne supporte plus de me porter dans son corps Lors de son dernier souffle je suis venu au monde Sans faire ses preuves à l'image d'une bête immonde Le poids de la mort de celle qui était censée m'aimer Je ne pourrai jamais la voir elle a préféré s'envoler Les médecins m'ont sorti de son corps froid J'ai pleuré pendant des heures de tristesse et d'effroi [Écho]