LEKTOR: Je tire une latte et essaie de me remémorer Comment tout ça à commencé, quand est-ce que ça a basculé Ils ont débarqué un matin et avant que je comprenne ce qu'il se pa**e J'étais bâillonné, ligoté comme si je représentais une menace Ils me parlaient d'une histoire, je leur disais que j'avais rien à voir Je pensais que c'était qu'une erreur, que je serais chez moi avant le soir Puis tout s'est emballé, pris dans une machine infernale J'étais le coupable idéal pour la presse locale Je revois encore ce baveux commis d'office Me dire : « Ne paniquez pas, faites confiance à la justice » J'ai peut-être pas gueulé a**ez fort pour clamer mon innocence Spectateur de tout ça, je crois que j'ai eu des moments d'absence Ma cigarette se consume, tout ça me parait improbable Dans ma tête résonne encore la voix du juge disant « Coupable » Désormais, il ne sert à rien de prier Une larme coule sur ma joue, j'écrase ma clope dans le cendrier LEKTOR: Dans le couloir, j'entends des bruits de pas Qui résonnent de plus en plus à mesure qu'ils se rapprochent de moi À peine un bruit de serrure que déjà on m'attrape par les bras Dans ma tête, défilent les images d'un biopic qui parlerait de moi On me traine dans une cour, au fond trois types en treillis noir Armés de fusils lourds, font tout pour éviter mon regard Je vois une femme sangloter, je crois reconnaitre ma mère Tellement longtemps que je l'ai pas vu, mais ai-je encore les idées claires ? À côté un type bien sapé qui pourtant n'en mène pas large L'avocat, sa présence devrait peut-être me mettre la rage Mais j'ai pas de haine, en tout cas pas pour ce commis d'office Mais lui a-t-il toujours autant confiance en sa justice ? Puis ils m'ont entravé les poignets, dos au mur les yeux bandés Les mecs en treillis ont épaulé, un type m'a demandé Si j'avais quelque chose à déclarer en guise de dernière volonté Mais j'ai plus rien à dire à ce monde, j'ai juste crié « Liberté » TRICKS: Ça fait maintenant 10 ans que cette histoire s'est pa**ée Commis d'office dans cette affaire la sentence reste gravée A l'époque je pensais avoir tout essayé Chercher les moindres fautes et les preuves falsifiées Rien y fait, je me sens coupable depuis ce jour Incapable d'oublier ce que cet homme a fait par amour Je revois son visage et sa cigarette a la main Impuissant face à ces facéties façonnant son destin A l'heure où je vous parle, je pourrai prouver son innocence J'ai continué à me battre pour ne plus perdre par ignorance Je ne peux plus revenir en arrière, combien d'hommes derrière les barreaux Combien de fois j'ai pas su faire, combien de procès sonnent faux La vérité doit être à présent rétablie Même quand on est mort on n'oublie pas d'avoir été trahie J'accuse d'avoir fait preuve d'incompétence Et tout ce que je retiens n'est qu'un regret taché d'un long silence