C'est ni par magie ni par hasard si J'ai aterri un jour au milieu d'cet endroit bizarre Un état sidéral où s'confondaient le temps l'espace Au milieu des étoiles et pour seul repere la grande ourse Tout ça n'avait plus trop de sens en fait comme l'ensemble De mon existence enfin à l'époque c'est ce qui me semblait J'étais là dans le vide à faire des dessins dans le sable Et dans ma tête se balladait un samouraï avec son sabre C'était après un voyage de 60 heures en autobus L'chauffeur avait ca**é l'moteur et plus personne voulait pousser Plus d'eau à boire le thermomètre à ras bord de mercure Et un soleil de plusieurs tonnes au-dessus d'un paysage lunaire Tout le monde s'est mis à marcher les vieux les vieilles Des marmots sur l'dos de femmes enceintes et je voyais même des estropiés La route filait toute droite comme une cicatrice sur la terre Et sur la route une longue colonne d'humains dans un nuage de poussière Y avait pas un brin d'ombre j'm'abritais sous mon cuir Tous ces humains avancant disséminés suivant l'allure Les hommes devant les femmes et les enfants derrière À la fin de la colonne se traînaient les vieillards La nuit s'illuminait la voie lactée au beau milieu d'la voûte céleste Tombaient les étoiles filantes parmi les constellations Nos personnes minuscules à dormir là à même le sol Recroquevillés sur nous-même aux premières lueurs de l'aurore Des troupeaux de dromadaires broutaient dans les prairies Là où l'herbe avait repoussé au hasard d'un jour de pluie Leurs pattes immenses et déformées comme sur une peinture de Dali Ondulaient au dessus de la surface du sol dans la chaleur de l'air brûlant Territoire Samburu guerriers à la peau rouge Désert de sel de Chalbi dans cet espace plus rien n'bougeait Le samouraï était au loin les deux mains sur son katana Plus loin à l'horizon s'étendaient les rives du lac Turkana D'temps en temps on croisait un homme armé d'une kalachnikov Parfois une famille entière abritée sous une bâche plastique Des roches volcaniques tapissaient le sol à perte de vue Les ennuis mécaniques c'tait une façon de tromper l'ennui Le soleil cuisaient les pierres tapait sur la caboche des gens On pouvait lire des prophéties d'mauvais augure sur les lieux des campements Dans ces zones arides pas de quoi nourrir un zèbre Sous ce climat torride le souffle du sirocco nous faisait trembler Le soleil avait fini par surchauffer mon lobe frontal Et mon cerveau baignait dans un liquide à 40 degrés Le Samouraï transpirait dans son armure et son attirail Et juste au-dessus de son casque je voyais des flammes brûler Le temps s'ecoulait lentement dans cet espace étrange Quant à ma vie elle était pas sensée couler ici dans ces méandres Penser à revenir à quoi ça sert quand on s'est perdu? Moi j'étais sur la ba**e du son en perdition dans les Bermudes J'ai repris la route parce que j'avais rien de mieux à faire Je suis reparti faire un tour histoire de changer d'atmosphère Rien de nouveau sous ce putain de cagnard dans les poumons la même poussière Parce que depuis toujours j'sais pas où je veux être à la surface d'la terre Irrécupérable comme la capsule d'Appollo 13 Assis sous un arbre caressé par une brise légère Dans mes pupilles se reflétait l'éclat de la lame Le zaitochi a**is en face était là à scruter mon âme Une veuve voilée en noir m'a tendu un bidon d'eau La douleur du deuil éteinte avait fini par sécher sa peau J'ai bu, le Samouraï aussi J'ai remercié la veuve elle m'a souri puis elle a disparu Quand je suis remonté dans l'autobus on était au bord de l'asphalte Au nord du 50 ème parallèle près d'une cafetaria Une indienne micmac était dans le bus et un atikamek Un clebs qui traînait dans le coin était couché devant ma fenêtre À l'horizon s'etendaient des conifères par millions Et sous le soleil d'hiver scintillait le St Laurent Je filais via Sept-Iles en direction de Natashquan Sous l'effet sidéral qui se fait confondre l'espace le temps Dans cet espace bizarre l'eau des rivières dessinaient des vortex Et me reliait direct avec une toute autre galaxie Des rorquals nageaient sans cesse entre les îles Des baleines bleues perçaient la surface des eaux tranquilles