Jules Laforgue - Complainte des voix sous le figuier boudhique lyrics

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Jules Laforgue - Complainte des voix sous le figuier boudhique lyrics

LES COMMUNIANTES Ah ! Ah ! Il neige des hosties De soie, anéanties ! Ah ! Ah ! Alléluia ! LES VOLUPTANTES La lune en son halo ravagé n'est qu'un œil Mangé de mouches, tout rayonnant des grands deuils, Vitraux mûrs, déshérités, flagellés d'aurore, Les yeux promis sont plus dans les grands deuils encore. LES PARANYMPHES Les concetti du crépuscule Frisaient les bouquets de nos seins; Son haleine encore y circule, Et, leur félinant le satin, Fait s'y pâmer deux renoncules. Devant ce Maître Hypnotiseur ; Expirent leurs frou-frou poseurs ; Elles crispent leurs étamines, Et se rinfiltrent leurs parfums Avec des mines D'œillets défunts. LES JEUNES GENS Des rêves engrappés se roulaient aux collines, Feuilles mortes portant du sang des mousselines, Cumulus, indolents roulis, qu'un vent tremblé Vint carder un beau soir de soifs de s'en aller ! LES COMMUNIANTES Ah ! Ah ! Il neige des coeurs Noués de faveurs, Ah ! Ah ! Alléluia ! LES VOLUPTANTES Reviens, vagir parmi mes cheveux, mes cheveux Tièdes, je t'y ferai des bracelets d' aveux ! Entends partout les encensoirs les plus célestes, L'univers te garde une note unique ! Reste... LES PARANYMPHES C'est le nid meublé Par l'homme idolâtre; Les vents décla**és Des mois près de l'âtre; Rien de pa**ager, Presque pas de scènes; La vie est si saine, Quand on sait s'arranger. Ô fiancé probe, Commandons ma robe ! Hélas ! Le bonheur est là, mais lui se dérobe... LES JEUNES GENS Bestiole à chignon, nécessaire divin, Os de chatte, corps de lierre, chef-d'oeuvre vain ! Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche, On t'absout; c'est un dieu qui par tes yeux nous triche. Beau commis voyageur, d' une maison là-haut, Tes yeux mentent ! Ils ne nous diront pas le Mot ! Et tes pudeurs ne sont que des pa**es réflexes Dont joue un Dieu très fort (Ministère des s**es). Tu peux donc nous mener au Mirage béant, Feu-follet connu, vertugadin du Néant; Mais, fausse soeur, fausse humaine, fausse mortelle, Nous t'écartèlerons de hontes sangsuelles ! Et si ta dignité se cabre ? à deux genoux, Nous te fermerons la bouche avec des bijoux. -Vie ou Néant ! choisir. Ah ! quelle discipline ! Que n'est-il un Éden entre ces deux usines ? Bon; que tes doigts sentimentals Aient pour nos fronts au teint d'épave Des condoléances qui lavent Et des trouvailles d'animal. Et qu'à jamais ainsi tu ailles, Le long des étouffants dortoirs, Égrenant les bonnes semailles, En inclinant ta chaste taille Sur les sujets de tes devoirs. Ah ! Pour une âme trop tanguée, Tes baisers sont des potions Qui la laissent là, bien droguée, Et s'oubliant à te voir gaie, Accomplissant tes fonctions En point narquoise Déléguée. LES COMMUNIANTES Des ramiers Familiers Sous nos jupes palpitent ! Doux Çakya, venez vite Les faire prisonniers ! LE FIGUIER Défaillantes, les étoiles, que la lumière Épuise, battent plus faiblement des paupières. Le ver-luisant s'éteint à bout, l'Être pâmé Agonise à tâtons et se meurt à jamais. Et l'Idéal égrène en ses mains fugitives L'éternel chapelet des planètes plaintives. Pauvres fous, vraiment pauvres fous ! Puis, quand on a fait la crapule, On revient geindre au crépuscule, Roulant son front dans les genoux Des Saintes bouddhiques Nounous.