Ô la chanson, il y a aujourd'hui onze ans que je suis dans ton ventre Où je me suis rentré de force pour me fabriquer un s**e et m'accoucher Ce soir encore je pars faire en m'appliquant obstinément trop le métier On va se jeter à l'eau et surtout avoir l'air de la trouver bonne Et on ne sait jamais si Dieu me descend sur la tête par les cintres Ou si je prends mon pied, je suis sensé pas voir les câbles et trouver ça normal Marin qui n'a jamais dépa**é la jetée comme tout le monde On a besoin que tu nous causes du Klondyke et des cités de Cibola Le taulier t'encourage, tu bois gratis et on fait cercle autour de toi Mais si tu t'exaltes pas a**ez sur l'amour universel, compte plus sur personne Les trousseurs de cadavres qui attendent dans les firmes pour te piquer tes dents Qui portent leur cynisme comme une preuve absolue de bonne foi et d'intelligence Comme si une tache de graisse au revers pouvait sembler une rose de sang Les chroniqueurs dans les studios Qui se prennent pour Radio-Conquet ou la balise d'Ouessant Les journaleux qui suivent la cha**e en bagnole On cherche l'artiste qu'aura su un mettre un jean aux valeurs du vieux monde Le bon Indien dangereux pour personne et qui rit encore quand il tombe File-leur un collier, une verroterie et puis enfonce-toi dans les marais Dans le ventre de la chanson, va, au moins ils n'oseront pas te suivre Colle-toi des rasades de mépris de ce liquide amer et bon Pars avec le regard d'un copain qu'a sous son casque la même trouille limpide La nuit quand t'es tout seul devant vraiment tes écritures vides Où tu cherches ce qui est toi dans le remue-ménage de ton sang La solitude, ô bonne sage-femme, prépare les linges en se taisant {x2:} Dans le ventre de la chanson, t'en fais pas, ils ne vont jamais oser te suivre Hé, c'est que le marais, dites, quelquefois on n'en revient pas vivant