Vous viendrez, n'est-ce pas? Frémissante dans l'aube Ou comme jaillissant l'abeille d'un bouquet Vous surgirez du pont. J'attendrai sur le quai Muet parmi le chœur des mouettes en aubes Vous viendrez, n'est-ce pas? On ne peut plus attendre Déjà midi a pa**é sans vous, et l'on a Bien souffert du fardeau des brumes en novembre Puis décembre. En avril vous viendrez, n'est-ce pas? Vous viendrez, on le veut, par l'île et par la Loire Et par les souvenirs heureux, par les années À cet endroit trois ponts enjambent la mémoire Comme trois refrains. Vous viendrez, oh, vous viendrez! N'est-ce pas vous qui aviez dit être amoureuse De ces lieux? Comme vous vous pressiez contre moi! J'y ai cru. Ce jour-là vous paraissiez heureuse Eh bien, voilà, je suis fidèle mais vous pas Il y a dans la vallée des aires d'eau inerte D'eaux perdues, comme vos amours et votre foi Dans votre âme un fantôme, où dans vos rues désertes Le vent, dit votre nom sur un ton d'autrefois Venez. Ou par la Vendée anxieuse. Mai pa**e Puis Juin. Et pas un mot de vous. Des pluies navrées Des orages naissent loin. Juillet. Les eaux ba**es Vous auriez oublié déjà? Ce n'est pas vrai? On veut que vous veniez, c'est l'heure abandonnée Où les robes d'été semblent soudain légères Où vous avez pleuré, sur ce quai. Vous, si fière D'habitude. Fière, car vous étant donnée Les lèvres de la Loire, j'y prends vos baisers Au coucher du soleil, venez... souffrez qu'on veuille... Vous ne pouvez pas vous tromper: elle est aisée Cette route vers les nuits bleues gonflées de feuilles Du mois d'août, n'est-ce pas? N'est-ce pas? N'est-ce pas? Parce que c'est l'heure où la Loire est la plus belle Vous venez, j'entends votre voix dans la venelle Et l'heure où la tendresse vainc à petits pas