Fallait-il donc aller en soi toujours plus loin, pour rechercher sans cesse Quelle âme, dans quel taillis de moments sublimes ou de temps perdus Ou de riens? Aller plus loin, oui, vers l'âme absente et sans faiblesse Comme dans une sente descendant au cœur des paradis perdus Es-tu donc allé a**ez loin? Les malheurs aussi fanent Et vois tes dévouements en petits tas de cendres dans la cheminée Marcher au canon des tourments, se contenter de pauvres mannes Avancer, avancer toujours sur les terrains du cœur, minés Il le fallait sans doute. Il le fallait. Quelqu'un a écrit cette fable Où on te fait jouer un rôle mais tu ne crois pas aux destinées Et les injonctions vieilles qui nous tombent des ciels fades Vont bien avec nos petits idéaux niais, mourant à peine nés Tu es allé très loin dans l'amitié fervente des beaux vers Les yeux rivés aux cadrans des amours, aux vitraux éclatés À tout ce qui frémit sous les rosiers, l'hiver Au bord des étangs, les osiers, les fondrières et les fonds amers Les ombres blanches dansant sous les arbres en juin mais Sur le tapis dans le matin, abandonnés les jouets Et les chansons éparpillées dans l'automne, dans le grand vent Le bel oiseau des chansons qui s'étonne et qui meurt en rêvant Tu as tout accepté! Soudain, la compagnie de l'âtre vide Dans un hameau à cette heure, les formes sombrent vite Fallait-il? C'est comme si on t'avait choisi pour tout fermer Toi seul et les souffrances inutiles, pas de message à porter Ou bien ceci: que Dieu est méchant et le mal étrange On croit voir contre un talus, loin, brûler un f*got d'ailes d'anges Sanglantes, arrachées aux espoirs. Et nos joies Qui les recueillera? Croyais-tu donc atteindre aux rives de la soie? Il le fallait. Il le fallait. Les Amériques sont là qui dérivent Ce n'était que nos mains! Oh, tu ne croyais pas, bien sûr, aux lois définitives Tous les courages, puis les serres dévastées dans le grand vent C'est l'heure des co*ktails mondains où la jolie femme grimée se rend Puis avancer encore un peu en soi, dans la vieille peau élimée Je crois à tout, je crois à tout. Deux feuilles tournent dans la cheminée Puis comme le regard est attiré, l'émission finie, vers le poste éteint L'amour trahi, tu te sens rentrer dans l'âtre obscur ou une glace sans tain