Amants qui planent dans les rues, les pa**ants sont comme un nuage Amants tout baignés de tendresse Qui se posent sur nos trottoirs avant le départ des saisons Et flapotent en picorant le pain navré des avenues de bas automnes Se font un voyage de rêve après leur noce aux peupliers Vers des pays de vents et d'algues où les saisons s'arrêteraient Je sais que les saisons s'arrêtent au premier regard des amants Je sais que j'y verrai tous mes scandales sur la mort et sur les vivants S'y dissoudre avec nos vingt ans Je sais que grumeaux, fientes et marbre blanc On y a vu des vies entières se dissoudre en sable et en vent Qu'on y a vu ressusciter des hirondelles calcinées Et qu'on y a vu des donjons se laisser convertir en mousse Qu'autant de feux de têtes blondes s'allument aux yeux des Saint-Jean Je sais que les saisons s'arrêtent entre les lèvres des amants Je sais qu'ici est un étang où la noyade est délivrance Et que c'est bien le seul étang dont on ne cherche pas le fond Dont on n'attend que la noyade au début de Dieu et du temps Car tout devient éternité et tout instant devient vapeur Herbe farouche, air et raisin, les mots ne s'accrochent à rien Et de notre fuite mouillée immensément les mots s'étonnent Herbe, femme, chair et raisin, les mots ne signifient plus rien Nos yeux ne signifient plus rien et tout se fond et tout est vain Puis le soleil reprend sa bonne et fière place Comme il fut au premier matin Je sais que les saisons commencent Et lui le pauvre, le recouvré, lui je l'entends murmurer Pleure de joie ma vive, ma jonquille par ce regard qui m'appelait Tu sais, tu m'as ressuscité, mon vieux can*l s'est écoulé Le monde me devient certain et moi je redeviens tribun Et le fond de l'air est léger Amants flapotant dans les rues, le temps gagné