Près de l'ancien chemin de fer Aux rails rouges de rouille Je vais souvent me souvenir D'un feu qui brûla des amants C'est une de ces histoires auxquelles on ne croit pas Qu'on range en soupirant dans le tiroir des rêves De ces histoires qu'on chante, faute de pouvoir les vivre Qu'on voit au cinéma ou qu'on lit dans les livres Sont-ils vraiment morts, les amants? Je voudrais tant qu'ils soient vivants Près de l'ancien chemin de fer Aux rails rouges de rouille Les grandes herbes des remblais Chaque soir, les engloutissaient Les herbes folles des talus sont comme la mer Le moindre vent lève des vagues qui bercent les amours Vent et vagues vont et viennent sur le corps des amants Ils font là de longs voyages qui les laissent pantelants Sont-ils vraiment morts, les amants? Je voudrais tant qu'ils soient vivants Ton corps est dur et froid et chaud J'ai faim comme un monde et je voudrais Te serrer, te manger, te boire Et me noyer sans cesse en toi Près de l'ancien chemin de fer Aux rails rouges de rouille Je vais souvent me souvenir D'un feu qui brûla des amants