On est les floués du système On essaie d'apprendre l'amour Et de faire dire «Je t'aime» Aux tortionnaires du petit jour Qui attendent la misère au tournant Pour l'envoyer à son boulot Qui attendent la guerre en chantant Les conneries de la radio Des bourgeois qui croient plus à la réussite Des prolos qui croient plus à la CGT On est ceux qui s'font arrêter pas les flics Quand on s'promène la nuit, «Vous, là, vos papiers» On est la fine fleur d'un désert De frime, de cons et de béton De provocations policières Et de chants du cygne en prison On a la poitrine écrasée Par l'oppression au jour le jour Nos fiançailles déchirées Grincent dans nos chansons d'amour Quand on déconne, ça cogne partout au fond d'nous Nos rires s'écrasent sur la grève qui a raté Mais la plus folle espérance brille en-dessous Des déprimes les plus noires, les plus endettées L'amour bourgeois nous emprisonne Et l'amour libre nous torture Dans la nuit, débiles, on tâtonne On cherche la bonne aventure Quand on voir les gueules étonnantes Des fonctionnaires du socialisme On s'dit que si nos lendemains chantent C'est pas Marx qui a fait la musique On pa**e à côté des télés allumées Quand Giscard cause, on s'empêche de dégueuler On est les dissidents de l'Ouest de l'Est Et on ne veut plus se faire manger la tête Tiens, v'là les nouveaux philosophes Viens, camarade, on lutte en frères Pour une démocratie plus propre Et un confort tout nucléaire Une petite église dans un coin Qu'on ne verra pas sur le coup À l'extrême gauche moderne et tout Pour l'nouvel Occident chrétien On a des frangins qui nous quittent tristement Pour fumer de l'oubli hi-fi stéréo L'herbe c'est le Ricard du beauf non-violent Que de révoltes noyées dans l'apéro Mais l'on reste des poignées errantes Armées des rêves et des guitares Des mains tendues et des gueulantes Qui jallonent nos vies bizarres Quand le jour pointe sur les poubelles Et les cimetières, au fil des doutes L'amitié vient relier nos routes Comme le ferait un arc-en-ciel Comme le ferait un arc-en-ciel