[Intro] L'harmattan souffle sur les rues de la Médina Comme il souffle jusqu'aux plaines du Burkina Une femme noire s'avance sur les trottoirs ensablés Elle pense à la France, cher pays de son enfance… [Refrain] Elle est une black toubab, fondue dans la ma**e Femme noire pleine de grâce, l'Europe dans sa besace Elle est une black toubab, perdue dans la ma**e Étrangère à cette Afrique qu'elle porte sur la face [Couplet 1] Cela fait déjà deux mois que Binta est à Dakar Pure parisienne, elle avait toujours rêvé de voir Le pays de ses racines: Sénégal! Illusions a**a**inées Par ces quelques mots lâchés un soir dans le Sine Saloum «Salamaleikoum! ça va?», «Oui, ça va Mais je me sens pas chez moi» (Je me sens pas chez moi) Mais qu'est-ce qu'elle croyait? que le sang parlerait? Le sang est le même pour tous, au fond, elle le sait Mais elle voulait croire que la couleur n'est pas illusoire Que quelle que soit son histoire, son instinct serait noir Vision naïve, le pays dont elle est native Est gravé en elle comme sur une plaque commémorative Bien plus sénégauloise que sénégazelle Elle observe leurs habitudes et les reproduit avec zèle Elle fait des efforts, c'est sûr, en wolof elle a**ure Mais pas facile de colmater la fissure Et les récits de son père sur la terre mère Reviennent à ses oreilles comme les contes sérères Qu'elle écoute sur un îlot de coquillages blancs Au pied d'un baobab, elle est une black toubab [Couplet 2] Étrangère à cette Afrique qu'elle porte sur la face… (x3) Étrangère à cette Afrique qu'elle porte comme un masque! C'est pas une question de totem ou de tam-tam Ou de malaise enfoui au plus profond de son âme C'est plus une différence de culture, sa littérature Sédar Senghor, mais derrière la couche de peinture 40 % d'an*lphabètes… Binta s'arrête au milieu d'un vers du poète Lève la tête, jette son book aux oubliettes Et ses mirettes prennent la vie sur le fait Sur tous les murs de France elle déchirait les rires Banania Ici elle découvre le sourire téranga «Nanga dèf?», «Comment ça va?», «Ana waa keur ga?» «Nunga fa!», «Et les affaires?», «Bakh na!» Et les récits de son père sur la terre mère Reviennent à ses oreilles comme les contes sérères Qu'elle écoute sur un îlot de coquillages blancs Au pied d'un baobab, elle est une black toubab [Couplet 3] En France elle faisait le rêve d'un retour au pays natal Afrique éternelle, utopie monumentale Et sous les pyramides, elle chérissait les pharaons noirs Par qui Kemet était entrée dans l'Histoire Elle avait lu Cheikh Anta Diop Et découvre que les jeunes ici le conjuguent avec hip-hop C'est sûr elle est fière, mais au fond d'elle désespère Devant la difficulté de s'approprier cette terre Un air de mbalax et ça repart Binta se pare de sa plus jolie robe du soir Avec l'espoir de surpa**er sur le dancefloor Les beautés peules emportées dans un intense corps-à-corps Et sur la piste elle tourne, ferme les yeux, en transe Binta danse, danse, plus de France ni de Sénégal C'est égal, à présent, la nuit lui appartient Désormais, ce pays c'est aussi le sien Et les récits de son père sur la terre mère Reviennent à ses oreilles comme les contes sérères Qu'elle écoute sur un îlot de coquillages blancs Au pied d'un baobab. Elle est une black toubab