[Couplet 1 - Suga] Je suis un restavec, poussière de vie au destin écrit J'suis pas pro-Aristide, moi j'meurs de vivre en Haiti Un restavec slave, esclave, la bouche en bec Ma chair, ma mère m'a vendu pour becqueter des insectes J'suis l'dernier "zouaille" un jouet, un oiseau sans ailes A mes aieux, une question : pourquoi avoir vogué vers les îles? Je n'ai pas de maîtres blancs, que des négriers, négrillons Je hais l'Haitien quand il cause comme un colon Christophe, ce n'est pas mon nom, mais eux ils me parlent d'Hispaniola Je suis un restavec, c'est ce qu'ils disent alors je reste là Toujours à portée d'voix à les écouter, tendre l'oreille Quand ils chantent que je suis comme un mauvais disque que l'on raye Un sous-fifre rendu muet affamé Voyant tout sourire comme une fleur disparue ou fanée J'ai trop vite grandi pour pouvoir croire aux chimères Haiti, la France t'as prise hier, aujourd'hui l'Amérique t'incarcère Indépendante, non ! T'es comme moi, négresse T'es qu'une restavec et non un vers de René Depestre Moi je voulais fuir, mais j'ai sur l'dos des Staline Qui m'empêchent de quitter le mal de l'empire Dessalines [Refrain x2] Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade Mon béton est armé de mes rêves de ballades [Couplet 2 - Suga] Gonaives, il pleut du déboisement, je mange des ordures Près de chiens errants qui confondent baisemains avec morsures Aucun danger, j'ai le choléra en cholestérol Quand ils me mordent, ils sucent mon sang, ça fait office de formol J'entends leurs crocs et l'écho de maisons qui émettent en créole Une radio interne, un son inter, la voix perçante d'une idole Qui me pousse à croire en moi et que j'suis une légende en mini Taille pygmée, indigène ami des paroles de Jean Dominique Mais ça ne dure que l'temps d'une onde et quand elle finit Je redeviens un restavec à qui l'espoir n'est pas permis Un restavec : poucet, poussin, mauvaise pousse pour ceux Qui ont dû oublier la pa**ion de liberté de monsieur Toussaint [Refrain x2] Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade Mon béton est armé de mes rêves de ballades [Couplet 3 - Gaël Faye] J'ai décrété : le monde est flingué selon mes critères Pour survivre sur cette terre, j'ai dû maîtriser l'art de la guerre J'ai les mains moites, un goût de métal dans la bouche De l'essence et du sang des pneus qui fument et des cartouches Jean-Bertrand, j'ai l'Koutla et l'sourire berbère tranche Mon coeur s'perd, peine, penche vers la fureur parce que nos vies étanchent C'est le marasme, ils veulent ma**acrer ma race A mes trousses, à mes traces, j'ai les chimères Lavalas La vie la**e harra**e, pa**e, les rastas la fréquentent C'est la révolte à Port-au-Prince, y a du Marley sur la fréquence "Get up Stand up", moi, j'mate les cohortes et les meutes Le berceau des insurgés est un taudis, cuve d'émeutes Ente Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines Les mots, les dates s'alignent et puis le peuple s'allie Haiti, première République, impa**e du temps qui pa**e La ba**e taba**e, y a du champagne dans la caleba**e [Refrain x2] Les yeux éteints, mes paupières tombent mes cils Et je rêve et je rêve et je rêve d'exil Mes doigts courent sur une terre rouge, je m'évade Mon béton est armé de mes rêves de ballades