Un jour, le roi des arbres Réunit ses sujets Dans son palais de marbre Au cœur de la forêt Le chêne à Brocéliande Le cèdre du Liban Et le vieux pin des Landes Conçurent un vaste plan Le vent porta l'affaire À travers les forêts Les arbres de la Terre Ont déclaré la paix Vivre était leur désir Porter chacun leurs fruits C'était "vaincre ou mûrir" Leur devise et leur cri Leurs fleurs, en grand mystère Imperceptiblement, S'ouvraient vers la lumière En prenant tout leur temps Et du cœur des charpentes Des coques des bateaux Aux linteaux des soupentes Et aux traverses du métro Du papier dans les livres Et du corps des crayons Le bois semblait revivre Et devenait chanson Libres de leurs amarres Les mâts qui naviguaient Répondaient aux guitares Et les arbres chantaient Jamais de mémoire d'homme On n'entendit ce chant Mais dans le cœur des ormes Il résonnait comme un printemps Cyprès de Palestine
Et l'arbre de Judée Ont mêlé leurs racines Autour de l'olivier Les arbres de la Terre Se sont tendu les mains Par-delà les frontières Au-dessus des humains Et la rose des vents Échangeant les pollens A mis du pommier blanc Sur les fleurs de l'ébène Et la rose des vents Échangeant les pollens A mis du pommier blanc Sur les fleurs de l'ébène Cette légende ancienne On l'entend dans les bois Le vent dans les vieux chênes La chante encore parfois Celui de Brocéliande Et le cèdre au Liban Mais le vieux pin des Landes A brûlé entre-temps Les saules ont tant versé De larmes de rosée Tant porté dans leurs feuilles Les deuils du temps pa**é Si nous n'entendions plus Ce que le vent nous crie Les hommes auraient perdu La source de leur vie Et le parfum des fleurs La pulpe de leurs fruits Déverseraient en vain Au fond des cœurs meurtris Des torrents de douceur Et des flots d'harmonie