Je n'irai plus jamais revoir les rues du Caire
Combien de villes ouvertes sont fermées pour moi
Car je ne saurais plus aujourd'hui que me taire
Devant ces monuments où je parlais pour toi
J'ai déjà bien du mal à regarder la Seine
J'ai si peur de n'y voir qu'un grand lit de repos
Au seul nom de Corfou, j'ai des larmes soudaines
Et comme des frissons qui courent sous ma peau
Sans toi, mon bel amour, tous les chemins se ferment
Sans toi, tous les miroirs sont à jamais ternis
Comment mener ma vie sans toi jusqu'à son terme
Parmi tous ces dessins qui ne sont pas finis ?
Je me traîne à midi dans le quartier Pigalle
À deux pas de chez nous qui n'est plus que chez moi
Je suis comme un vieux roi qui marche dans les salles
De son palais désert et rêve d'autrefois
Je n'irai plus jamais revoir les pyramides
Les îles Éléphantines et le couvent perdu
J'y songe d'un seul coup, mes artères se vident
Je ne veux plus revoir ce qu'ensemble on a vu
Nous avons tant marché dans les rues de Florence
Entre les lauriers roses aux Jardins Boboli
Qu'il me semble parfois, aujourd'hui quand j'y pense
Que les eaux de l'Arno remontent vers Paris
Au long des escaliers des palais de Florence
L'ombre de Michel-Ange et de Donatello
Nous escortait de loin dans le plus grand silence
Jusqu'au chemin de ronde du Palazzo Vecchio
C'est ainsi, mon amour, que les villes se ferment
Je ne pourrai jamais y retourner sans toi
Je me contenterai de rêves à long terme
Où des statues de marbre auront un peu ta voix