Ça ressemble à des pieds de singe
Dans le cerveau, dans les méninges
C'est ce qui prend le plus d'espace
De place
Bien cachées dans les poches au chaud
C'est tout ce qui manque aux manchots
C'est tout ce qui manque aux pingouins
Les mains
Sur le bout des doigts, y a la vie
Qu'on connaît par cœur, comme on dit
Et le cœur, on l'a sur la main
À moins
Qu'on fa**e partie de ces gones
Qui ont mal à la main qui donne
L'amour, ils l'appellent reviens
Radins
Dors encore, mon petit quinquin
Au jeu de paume des gamins
L'auriculaire finira
Le plat
Si le premier va à la cha**e
L'annulaire parfois s'enchâsse
D'un signe extérieur de tendresse
D'ivresse
C'est l'index au bout de la main
Qui sert à montrer le chemin
Et qu'on lèche à chaque tournage
De page
Allez lire Victor Hugo
Dans la Pléiade tout de go
Sans vous humidifier cent fois
Ce doigt
Le majeur est étonnamment
Peut-être le moins étonnant
Dépa**er les autres ça lui
Suffit
Et souvent quand il entre en scène
C'est pour vous faire un signe obscène
En se prenant pour l'obélisque
Sans risque
Le pouce tient lieu de tétine
Pour des jouissances enfantines
Permet de traverser l'Europe
En stop
En opposition mais bon prince
Il nous sert à serrer les pinces
C'est au bout de nos abattis
L'outil
À l'école, on lève nos doigts
Si l'on a suivi on dit "Moi
Je sais compter jusqu'à deux cents"
Mais quand
On n'a rien compris aux problèmes
On se fait taper sur les mêmes
Par la règle réglementaire
En fer
J'ai nommé les doigts un par un
Mais quand ils s'unissent comme un
Comme un seul homme collés dans
Un gant
Quand ils fusionnent dans un moufle
Tout l'orgueil humain s'y camoufle
La main retrouve du primate
La patte
D'ailleurs on mange à la fourchette
Alors que la main est parfaite
On appelle ça le trident
D'Adam
Et pour boire pas que de la flotte
On ferait comment sans les menottes
Pour lever son verre, pour trinquer
Santé !
Pour les sans voix, comme c'est beau
Quand le corps remplace les mots
On dirait de grands sémaphores
C'est fort
Le parler des muets se lit
Sur les mains mieux qu'en Italie
C'est du Braille, mais c'est à l'oral
Génial !
Du plus sensible au plus ban*l
On se serre la main, c'est normal
Bonjour, et l'on gagne d'un coup
Cinq sous
On gagne à pouvoir se parler
Je ne suis pas venu armé
Voilà ce que ce geste dit
Aussi
Même quand je me tiens la panse
Peut-être bien que mes doigts pensent
Ou mieux qu'ils n'oublient rien du tout
De nous
Les entailles aux bouts des phalanges
Par les serpettes des vendanges
Les ongles rongés par les dents
Au sang
À la première estafilade
Je leur pa**e de la pommade
Et quand ils sont trop sales un bon
Savon
Et là où je me suis coupé
Mes doigts se transforment en poupée
D'un petit bout de sparadrap
De drap
De la poupée à la marotte
Il n'y a qu'une petite trotte
Qu'un petit pas de marionnette
Pas bête
À manche, à tige, à gaine, à vue
Les mains donnent dans l'imprévu
Théâtre d'ombres, personnages
Mirages
On prédit dans le creux des pognes
Ce qu'il adviendra pour nos trognes
Lignes de vie, lignes d'errance
De chance
Pour l'avenir ou l'eczéma
Consultez donc Madame Irma
Ses mains pour lever les nécroses
S'imposent
Quand le succès fait des épates
Content, on se frotte les pattes
On applaudit, bravo l'artisse
On bisse
S'il ne vient plus, s'il ne vient pas
Touchons du bois, croisons les doigts
Allez, je reprendrai la main
Demain
Ah, ce que les mains peuvent dire
Pour le meilleur et pour le pire
Quand elles jouent leur chanson leste
De geste
Pouce en bas, la mort, l'horreur
Le bras tendu pour le Führer
Ou pour dire toute la vérité
Juré !
La main qui tue, la main qui joue
La claque, la fesse, la joue
La main de tous les paradoxes
La boxe
La main qu'on coince dans le sac
La main au collet, au colback
C'est pour reprendre au cleptomane
Sa manne
La main de Dieu, la main de fer
La main lourde, la main légère
Et celle où pousse c'est fatal
Un poil
Et la main chaude et la main verte
Celle du mort restée ouverte
Que l'on replie tout doucement
Pleurant
Pour le bonheur des yeux, pour lire
Les mains pianotent nos désirs
Sur le clavier des Remington
Des tonnes
Des tonnes de mots et de rimes
Et combien de plumes, de crimes
D'oies sacrifiées pour le plaisir
D'écrire
Les doigts en signe de victoire
Les doigts en signe de pétoire
Je tire un coup de revolver
De chair
Avant les élections, c'est louche
Si l'on vous serre dix fois la louche
Ça s'appelle avoir la main
Putain
J'allais oublier ceux qui jonglent
Et le onzième doigt sans ongle
Qui n'empêche pas d'attraper
L'onglée
Mais aussi celle qui démange
Celle, quand on a faim, qu'on mange
Garde bien l'autre pour demain
Gamin
Et il ne serait pas très juste
De négliger le geste auguste
Du semeur semant son carré
De blé
Pour que le grain devienne pousse
Il faudra se salir les pouces
En attendant pour les mains blanches
Dimanche
Ma chanson sera déficiente
Si je manque la main courante
Si le kinésithérapeute
Je queute
Si je loupe la pipistrelle
Dont les mains se finissent en ailes
Et si le crochet du pirate
Je rate
Encore un peu et j'allais taire
Les petits plaisirs solitaires
La veuve poignet, c'est son nom
Crénom !
J'allais pa**er, quelle ignorance
La main de ma sœur sous silence
Dans la culotte, sans entrave
Du Zouave
J'ai parlé d'outil bien avant
Quel don faut-il à l'artisan
Pour apprivoiser le volume
L'enclume
Pour user sa peau sur la pierre
Sur le rabot, dans la poussière
Et pour s'y mutiler les doigts
Parfois ?
Dépourvu d'un des cinq ergots
Quelle envie faut-il à Django
Pour gratter comme un acrobate
Sa gratte ?
Quelle force faut-il à Jarra
Alors qu'on lui ca**e les doigts
Pour dénoncer la bête immonde
Du Monde ?
Tous les métiers, tous les boulots
S'ils ont besoin du ciboulot
Exigent pour faire leur besogne
Des pognes
Ni les chirurgiens, les maçons
Non plus les faiseurs de chansons
Ne se pa**eraient des grappins
Des mains
Je chante tout ce que je touche
La terre, le velours et ta bouche
Ce que je devine sans voir
Le soir
Ce que je tâte et que je presse
Les ma**ages et les caresses
Quand nos mains se font concubines
Frangines
Si tous les deux on se débauche
C'est qu'on s'aimait de la main gauche
Qu'on s'est mis le doigt jusqu'au seuil
Dans l'œil
Mais si on se réconcilie
On est au fond du même lit
Comme les deux doigts d'une main
Copains
Quand je compte mes camarluches
Cinq doigts suffisent à la paluche
C'est du calcul sentimental
Mental
Mais s'il s'agit des camarades
Pour pas laisser le monde en rade
Faudrait pouvoir en compter des
Milliers
Quand on la serre en haut du bras
Quand le poing occulte les doigts
Et qu'il met des points sur les I
Pardi !
C'est le sceptre des prolétaires
La crosse des athées de la Terre
Qui veulent inventer de leurs mains
Demain
La Terre à bien mauvaise mine
C'est bien peu d'avoir deux mimines
Pour la réparer à la main
À moins
D'être multimane, ça aide
Pourquoi pas aussi polypède
Ou quantidextre ou ambipatte
Mille-pattes
Ça ressemble à des pieds de singe
Dans le cerveau, dans les méninges
C'est ce qui prend le plus d'espace
De place
Bien cachées dans les poches au chaud
C'est tout ce qui manque aux manchots
C'est tout ce qui manque aux pingouins
Les mains