Mon grand-père me dit souvent Que c'était bien mieux avant Quand les bonnes femmes marchaient au pas Que les gamins se rebellaient pas Tu pouvais bien cogner bobonne Sans que ça dérange personne Aujourd'hui tu lèves le petit doigt Elle file direct au commissariat Allez, raconte-moi mon vieux Tes histoires du temps qu'était mieux Du temps où même les voleurs Avaient le sens des valeurs C'est vrai que tes petits trafics Pendant la dernière guerre C'était quand même plus chic Que de chourer les scooters Mais moi, les vieux radoteurs Ça finit par me saouler Alors vivement Alzheimer Tu nous feras moins chier, pépé Mon père, lui, est ouvert d'esprit Faut dire qu´il a fait 68 Mais il dit quand même souvent Que c'était bien mieux avant Quand les jeunes voulaient changer Le monde, la société Aujourd´hui, ils ne pensent qu'au pognon À vingt ans, ce sont des vieux cons Allez parle-moi d' révolution L' cul posé dans ton salon Et fais mine de t'étonner Que je sois désabusé C'est vrai qu' les vieux de 68 Ça devrait me faire rêver
Mais Glucksmann ou Cohn-Bendit Serait peut-être temps de les changer Excuse-moi papa Surtout te vexe pas Mais si je suis un con C'est peut-être ton éducation Mon grand frère est socialiste C'est son côté humaniste Mais il dit quand même souvent Que c'était bien mieux avant Quand les jeunes pouvaient espérer Trouver un travail, s'installer Aujourd'hui l'avenir est bouché Y a même plus de quoi se loger Allez frérot, fais-moi pleurer Sur les prix de l'immobilier C'est si dur d'être propriétaire Même quand on est fonctionnaire Mais avec ton boulot à vie Ta rombière, ton pavillon Dans moins d' dix ans, j' te parie Qu' tu nous feras une bonne dépression Excuse mon désespoir Mais quand je vois ta vie J'ai du mal à croire Que le travail épanouit Même mon p'tit frère qu'a quinze ans Mais c'est de son âge d'être un gland Nous dit aussi quand même souvent Que c'était bien mieux avant Mais son avant, moi, j'y étais Et je sais que c'est pas vrai Le meilleur reste à venir Ça pourra pas être pire