Veste à carreaux ou bien smoking Un portefeuille dans la tête Chemise en soie pour les meetings Déjà voûté par les courbettes La page des sports pour les poumons Les faits divers que l'on mâchonne Le poker d'as pour l'émotion Le jeu de dame avec la bonne C'est l'homme Le poil sérieux l'âge de raison Le cœur mangé par la cervelle Du talent pour les additions L'œil agrippé sur les pucelles La cha**e à courre chez Bertrand Le dada au Bois de Boulogne Deux ou trois coups pour le faisan Et le reste pour l'amazone C'est l'homme Les cinq à sept "pas vu pas pris" La romance qui tourne à vide Le sens du devoir accompli Et le cœur en celluloïde Les alcôves de chez Barbès Aux secrets de Polichinelle L'amour qu'on prend comme un express Alors qu'elle veut faire la vaisselle C'est l'homme Le héros qui part le matin A l'autobus de l'aventure Et qui revient après l'turbin Avec de vagues courbatures
La triste cloche de l'ennui Qui sonne comme un téléphone Le chien qu'on prend comme un ami Quand il ne reste plus personne C'est l'homme Les tempes grises vers la fin Les souvenirs qu'on raccommode Avec de vieux bouts de satin Et des photos sur la commode Les mots d'amour rafistolés La main chercheuse qui voyage Pour descendre au prochain arrêt Le jardinier d'la fleur de l'âge C'est l'homme Le va-t-en-guerre, y faut y aller Qui bouffe de la géographie Avec des c**ardes en papier Et des tonnes de mélancolie Du goût pour la démocratie Du sentiment à la pochette Le complexe de panoplie Que l'on guérit à la buvette C'est l'homme L'inconnu qui salue bien bas Les lents et douloureux cortèges Et qui ne se rappelle pas Qu'il a soixante-quinze berges L'individu morne et glacé Qui gît bien loin des mandolines Et qui se dépêche à bouffer Les pissenlits par la racine C'est l'homme