- Première partie -
Je ne compte plus les années qui se sont écoulées
à parcourir la terre, moi qui suis visionnaire
Dans des corps de jeunes femmes, réincarnant mon âme
aux prédictions de cendres; je suis la dernière Ka**andre
Un jour devant mes yeux paraît le dieu-solaire,
symbole de clarté, de violence, de lumière
Il me veut toute à lui, sur-le-champ, impérieux
On ne discute pas les désirs d'un dieu
Et pour mieux me séduire, il m'offre l'avenir,
le don de prophétie, pareille à la pythie
Mais l'orage sur Ka**andre, doit déchaîner sa rage
et mes mots ne pourront empêcher les ravages
Comme je refusais, malgré toutes mes promesses,
de lui céder mon corps de vierge immaculée,
Apollon outragé, dans son orgueil se blesse,
et se venge en m'ôtant le don de persuader
Il m'a ouvert les yeux, puis entourée d'aveugles
qui me raillent et m'insultent, puis pleurent leur malheur
Et je suis impuissante face à la vie qui meurt
Ma tête est pleine de sang, de larmes, de douleurs
- Deuxième partie -
A l'aube d'un siècle neuf, vraiment rien n'a changé
Du 37ème étage, Laure s'est laissée tomber
Jo plonge dans sa seringue, Chveik éclate sous les bombes
Voici le cimetière, regardez donc leurs tombes
Lui crèvera solitaire dans son petit meublé,
celui-là du cancer, cette autre a**a**inée...
Pourquoi n'écoutent-ils pas mes paroles sibyllines
J'ai beau les prévenir, ils sont sourds, ils s'obstinent
Le choc les a surpris, les voilà tout en bas,
et moi je reste là, la mort à bout de bras
Éprouver du plaisir pour moi est impossible
Condamnée à gémir un avenir inaudible,
ce calvaire est ma vie depuis des millénaires
Je suis le dernier exemplaire
Dans ma robe de voiles blancs, je cours, je cours toujours
annoncer les fléaux qui tournoient dans ma tête
Je danse, ivre morte, au milieu des tempêtes
Bacchante échevelée dans un monde de sourds
Et quand exténuée, sur le sol, je m'affale
Je m'endors, et je dors, oubliant que j'ai mal
Brusquement réveillée par une vision d'horreur
je ne sais plus ni pour qui, ni pourquoi j'ai si peur
J'ai l'esprit qui divague, on crie que je suis folle
Oh je vous en supplie écoutez mes paroles
Éprouver du plaisir pour moi est impossible
Condamnée à gémir un avenir inaudible,
ce calvaire est ma vie depuis des millénaires
Je suis le dernier exemplaire,
le dernier exemplaire, le dernier exemplaire ...