Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
Quand nous aurons posé la cape et le manteau,
Quand nous aurons jeté le masque et le couteau,
Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.
Quand nous retournerons en cette froide terre,
Ainsi qu'il fut prescrit pour le premier Adam,
Reine de Saint-Chéron, Saint-Arnould et Dourdan,
Veuillez vous rappeler ce chemin solitaire.
Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l'absoute et la messe,
Veuillez vous rappeler, Reine de la promesse,
Le long cheminement que nous faisons en Beauce.
Quand nous aurons quitté ce sac et cette corde,
Quand nous aurons tremblé nos derniers tremblements,
Quand nous aurons râlé nos derniers râlements,
Veuillez vous rappeler votre miséricorde.
Nous avons gouverné de si vastes royaumes,
Ô Régente des rois et des gouvernements,
Nous avons tant couché dans la paille et les chaumes,
Régente des grands gueux et des soulèvements.
Nous n'avons plus de goût pour les grands majordomes,
Régente des pouvoirs et des renversements,
Nous n'avons plus le goût pour les chambardements,
Régente des frontons, des palais et des dômes.
Nous n'avons plus de goût pour le métier des armes,
Reine des grandes paix et des désarmements,
Nous n'avons plus le goût pour le métier des larmes,
Reine des sept douleurs et des sept sacrements.
Nous avons tant appris dans les maisons d'école,
Nous ne savons plus rien que vos commandements,
Nous avons tant failli par l'acte et la parole,
Nous ne savons plus rien que vos amendements.
Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
Quand nous aurons posé la cape et le manteau,
Quand nous aurons jeté le masque et le couteau,
Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.