Quand j'épousai Sylvie
Vingt filles prirent le deuil
Comme si marier ma mie
Me mettait au cercueil
Croire que le mariage
Ainsi fait oublier
De si beaux paysages
Le temps pa**é
Mais c'est croire aux barbares
C'est croire qu'aujourd'hui
On perd toute mémoire
Quand on partage un lit
Pensez-vous donc, Jeannette
Sombrer dans mon oubli
Demoiselle si svelte
Arbre de paradis ?
Pensez-vous donc, Gertrude
Qu' vraiment je sois si prude
Pour oublier vos yeux
Et vos si longs cheveux ?
Vous croyez aux barbares
Vous croyez qu'aujourd'hui
On perd toute mémoire
Quand on partage un lit
Quant à vous, Joséphine
Je vous ai vue depuis
Toujours aussi câline
Vous jouez du sourcil
Cette fleur qui parle
Que vous êtes toujours
Jamais ne se fane
Au beau temps de l'amour
Mais vous êtes barbares
Vous croyez qu'aujourd'hui
On perd toute mémoire
Quand on partage un lit
Quant à vous, Aldegonde
Votre voix, quand elle gronde
Pour appeler les poussins
Je ne l'oublierai point
Au pays de nos pères
Vous voilà la fermière
Si rudes sont vos mains
Votre cœur ne l'est point
Vous n'êtes point barbares
Pour croire qu'aujourd'hui
On perd toute mémoire
Quand on partage un lit
Au dedans, au dehors
Chacune, vous avez
Les plus doux trésors
Différents et variés
Nourris de vos yeux
Bleus ou noirs, tous aimés
Nous voilà enrichis
De toutes vos beautés
Ne soyez point barbares
Croyez bien qu'aujourd'hui
Vous nous poussez à croire
Qu'il y a un paradis