(Jeanne Cherhal/Maxim Nucci)
Il a su ce matin qu'il n'y retournerait pas
On n'avait plus besoin de ses bras.
La sentence est tombée comme on plante un couteau
Il a fallu plier aussitôt.
Du chantier poussiéreux, il a servi sans trêve
Il garde, au fond des yeux, son vieux rêve.
Alors comme un marin, il s'accroche à la barre
Il se crache dans les mains et se barre.
Quand il a débarqué, voyageur clandestin
La nuit froide a marqué son destin.
Il avait pris la mer sur une coquille de noix
Comme beaucoup de ses frères qui se noient.
Il est resté des jours à la frontière du Nord
Sur les docks alentours, sur le port.
Et n'a pas regretté d'avoir quitté les siens
Même quand on l'a traité comme un chien.
Pour trois sous faméliques et un patron obscène
Il a ca**é les briques à la chaîne
À bâtir des façades, creuser des conduits
À se rendre malade sous la pluie.
Le chantier poussiéreux ne voulant plus de lui
Zacarias fait un vœu et sourit
Et puis, comme un marin qui s'accroche à son mât
Il se crache dans les mains et s'en va.