En ce temps-là j'avais quinze ans et des poussières Le bouton paresseux des acnés de collège Je me revois encore a**is sur le grand siège Quand on faisait chez eux la visite coutumière Chez eux c'était La France, vieille de vingt millénaires Des "De La Quelque chose", deux filles à marier L'une qui jouait du piano le soir après dîner La fierté d'la maman, l'accoutumance du père Et moi je me souviens, je ne voyais que l'autre Celle qui avait des mains à bénir les apôtres Elle ne jouait de rien ou de si peu de choses Mais avec tout l'talent de sa métamorphose Vingt ans, toujours a**is, derrière la même cravate Derrière les même boutons un peu moins tapageurs Je secouais sagement la cendre de mes heures Dans l'cendrier d'une France qui marchait sur trois pattes La mère avait pris d'l'âge, le père était content Des flatteries de mon père pour reluire son blason On mettait des voiles blancs dans la conversation
Sur la fille du piano, la mieux disait manman Mais moi je me souviens, je ne voyais que l'autre Celle qui avait des seins à damner les apôtres Je n'en savais pas l'goût, bien sûr, Mais j'sentais bien Tout le poids qu'un piano peut peser dans l'destin J'ai laissé mes boutons dans une cérémonie Qui m'donnait pour épouse la grande corde à piano Les parents viennent nous voir quand l'dimanche est au beau Et qu'les vêpres ont sonné l'heure de la sortie L'instrument j'l'ai bouclé, je n'ai plus de secousses Jusqu'à c'que la manman demande à entendre fillette Ça ne manque jamais et comme je reste honnête Je lui donne la clé et je fous l'camp en douce Et maintenant, enfin, je peux me payer l'autre Celle qui a des seins à nourrir les apôtres Si la dot de sa sœur, pour moi, la déshabille C'est seulement par horreur qu'ça sorte ... de la famille