Y'a des rêves que l'on garde
Dans des placards en consigne
Et dont on perd la clé
L'essence et la racine
Y'a des rêves qui se fanent
Et s'étouffent à mesure
Que les années s'achèvent
S'inscrivent à la figure.
Y'a tant de voyageurs
Qui transitent vers nulle part
Qui attendent qu'on leur donne
Le feu vert du départ
Y'en a tant qui attendent
Qui attendront toujours
Qu'on leur désigne enfin
Une issue de secours.
Y'a tous ceux qui s'en vont
Vers le nord, vers le sud
Avec ou sans raison
Qui changent de latitude
Qui abandonnent au quai
Une larme, un regard
Dans la main leur ticket
Pour une autre histoire.
Y'a tous ceux qui n'ont rien
Plus d'attaches, de pays
Qui ont brisé leurs liens
Pour s'affranchir de leur vie
Qui prennent les trains du rêve
Les trains bleus du futur
Où commence, où s'achève
Leur besoin d'aventure.
Et ces trains de la nuit
Et ces trains réguliers
Qui embarquent chaque nuit
Des migrants par milliers
Vers des cités d'asile
Ou vers des délivrances
Font des allers-retours
À travers l'existence.
…
Du haut de son mirador
Elle peut voir tout c'qui s'pa**e
La speakrine de la gare
Assise derrière la glace
Mais les nuits se ressemblent
Et plus rien ne l'étonne
Quand elle parle au micro
Quand sa voix résonne.
Son boulot c'est d'parler
D'annoncer les départs
Les quais des arrivées
Les corres', les retards
Monsieur attend Madame
Sortie nord dans le hall
Compostez vos billet
Attention au contrôle.
Je suis venu, tu vois
J'attendais ton retour
J't'avais pas oubliée
J't'aime encore d'amour
Ça fait bizarre de s'revoir
Après tant d'années
Tu sais, j'viens de faire un cauchemar
C'est bon de se réveiller.
Et ces trains de la nuit
Et ces trains réguliers
Qui embarquent chaque nuit
Des migrants par milliers
Vers des cités d'asile
Ou vers des délivrances
Font des allers-retours
À travers l'existence.