Tu as traîné toute la nuit dans les bistrots du centre
Tu rentres chez toi, tu prends un papier, un crayon
Mais rien ne vient parce qu'il n'y a rien à dire au fond
Tu prends un bain puis tu prépares ton suicide
Quelquefois la nuit est bien plus courte qu'on imagine
La mort vient vite et c'est trop tard, le jour est là
Dans l'arbre, toujours le même, voilà déjà le rossignol
Le jour qui vient t'a poignardé, tu es livide
Je sens, je sens tous ceux qui cette nuit sont seuls
Qui vont pa**er la nuit tenant la main courante
À regarder le gouffre, à y sombrer
Je sens la mort qui jaillit du miroir éclaté
Il faut descendre dans la rue, il faut peupler la nuit
Il faut prendre la mort au licol et la mener boire
Ensemble dans une aurore lumineuse des gouttes de rosée
Que seront les mots innombrables par nous au sol déposés
Ô mon Anne quand je serai sur l'autre versant de la nuit
Je serai dans le sel de tes larmes à toi seule
Ce soir la mort pose son mufle chaud sur mon épaule
Comme une bonne compagne pas trop dérangeante pour le moment