Nous n'irons pas plus loin ensemble, paraît-il Nous nous aimions si bien, pourtant, et c'est futile Cette séparation; l'eau de la Loire aussi Se désunit, plus loin, ayant laissé des îles Navrées, avec leur poids de bois mort vers l'oubli, Comme des arguments majeurs gonflés d'ennui. Le fleuve aux formes plus subtiles de mémoire Se joint et d'un nouvel appétit à se boire Nous nous retrouverons, je crois. Pour toi le doute Fut plus fort et le mal pour un temps t'ébranla Tu avais raison, puis tu as tort. Je redoute Moins le futur que ces quelques souvenirs-là. Il y a le val après les remous, les eaux lentes Le fleuve y prend la forme ouverte d'une main Dans l'herbe, et ce qu'il reste des heures violentes C'est cela: l'abandon, le courant, le chemin
Délié ou comme deux corps unis dans un lit, L'écriture d'un mot simple. Tout nous ra**emble Puis à nouveau cette joie folle d'être ensemble Je reprends l'herbier des sourires éblouis Tu n'y crois pas, tu dis "Trop tard", tu dis "Jamais" Je me tairai, je suis patient comme le fleuve Hier, demain, pour moi tout ensemble se meuvent L'espoir est l'eau même; je t'aime, je t'aimais Je t'aimerai, je t'aime. Que me reste-t-il Sinon cette pa**ion vaste ceignant la plaine Ce chant obstiné qui monte dans ton haleine Au mur dressé du temps figé, lançant défi? Vers le soleil couchant la perspective gagne Dans les fonds du tableau où glissent les années Les parallèles loin dans l'infini se joignent Et à jamais; nous ne pouvons pas nous manquer