Je suis celui qui court auprès de toi lorsque tu glisses dans les herbes Tu le sens mais ne le vois pas, tu fuis, tu l'entends respirer Et les branches des arbres sont les oreilles des journées quand l'eau te couvre de baisers Quand tu viens dans la terre humide et chaude, ta tendresse Je suis celui qui vient avec sa main pour te sécher Et tu baisses ta tête. Son épaule est un panier Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde Et tu reviens toujours chez lui. Il ne sait pas que tu es là Et tu es derrière l'armoire, tu le vois, tu es dans l'ombre Et il respire lourdement, il ne sait pas que tu es là Or sais-tu s'il est là quand tu te caches et tu le guettes? Il est sorti et la porte sur le jardin n'a pas grincé Son corps est penché sur la table, il est malade de papier Il est malade de soleil, il est sous le midi des mondes Il est comme traînant au sol la tige de l'été ca**é La sève coule et il entend comme un bourdonnement de nombres
Il est taché de vin dans des débris de table renversée Il est en deçà de son corps et dans la nappe déchirée Il est à genoux sur la terre, il a tous ses doigts écrasés Et les ruades du soleil lui ont fait éclater le ventre Fou de douleur, il griffe et hurle, il est transpercé Il est comme le vent dans les marais et qui va crever Et qui a des filets de sang et qui se cache et qui se berce Et qui se cherche et qui s'ignore et se sépare et se connaît Ô mon amour qui peut dire qu'il se connaît, nous sommes Toute chose qui se cherche et qui s'ignore et qui se connaît Et nul n'aura prise sur nous, sur notre amour, sur l'inquiétude Nous sommes comme l'air et le vent, la chair à la chair liée Qui n'est jamais son corps vraiment: toujours avant, toujours peut-être Tous deux toujours ensemble et ne jamais, jamais nous rencontrer Dans l'eau, notre jeunesse lisse à la surface vient poser Un souffle qui est notre amour et nous ne parlerons jamais