Vous êtes pa**és dans cette vie comme le cri des sarcelles
On n'aura retenu de vous que le battement affolé d'une aile
Militants des causes perdues fauchés sur la fin d'une grève
Fonctionnaires radiés pour une affaire de pa**ion
Pour une affaire de justice jeunes gens vidés de l'usine
Jeunes gens qui ne vouliez pas vous mettre au garde-à-vous, qu'on a brisés
Dans une petite rue tranquille de sous-préfecture, vous vous êtes roulés en boule
Oiseau blessé qui ne sait plus s'il a jamais volé
Mais vous avez toujours laissé la porte de la cour
Ouverte pour le cas où l'un ou l'autre reviendrait
Oiseau, rappelle-toi ton vol et les regards qui te portaient
Regards si peu nombreux, j'étais seul, j'ai tout oublié
Oiseau en boule palpitant dans son silence et sa tristesse
Le peu de bruit que fait un homme qu'on abat!
Il va crever tout seul avec ce qu'il lui reste de ses haines
Il met un mouchoir sur une petite blessure qu'on voit à peine
Et dans ses yeux un océan se vide qu'on ne voit pas
Le temps pa**e, tu oublies, sur le sable s'efface ton pas
Et moi, de ces oiseaux, j'en ai un dans la gorge qui s'est réfugié
Qui parle quand je parle et quand je chante qui s'envole
Il cisaille l'azur en deux, je le regarde poings serrés