Poussé par le désespoir
Et par des gens
Qui lui voulaient du bien
Il entreprit de mettre fin
À sa pâle existence
Comme il n'était pas de ceux
Qui, téméraires,
Emploient un revolver
Il donna à l'affaire
Une grande importance
Tout le jour, toute la nuit
Il pensait à son suicide
À l'art et à la manière
De s'offrir le vide
Se pendre pas question
Se noyer peut-être à l'occasion
Il cherchait la meilleure solution
Ne mangeant plus
Ne dormant plus
Dépérissant de jour en jour, le pauvre
Faisait pitié
Les gens disaient:
-"Il faut faire quelque chose
Redonner un peu de vie
À son projet
En tout état de cause
L'empêcher de mourir
Avant de se tuer"
Comme on soigne un condamné
Pour qu'il trépa**e en pleine forme
Ils se mirent à ranimer
La flamme du bonhomme
Dans les boîtes à la mode
Ils le traînèrent
Jusqu'à ce qu'il s'accommode
Jusqu'à ce qu'il se mette à danser
Riche de ce coup de sang
Il se promit dès lors
Quoi qu'il arrive
De faire un mort-vivant
Toujours sur le qui-vive
Les années pa**ées
Rien ne pouvait le distraire
De sa tâche
Tout fut envisagé
Du train à la bombe H
Ses copains
Sous la terre
Disaient:"Il exagère
Le voilà centenaire
Pour quelqu'un qui était pressé"
Un soir la**ée d'attendre
Qu'il veuille bien la prendre
Elle se serra tout contre lui
Et c'est la mort dans l'âme
Qu'alors il rendit l'âme
Bêtement dans son lit