On dirait un fanatique
De la cause halieutique
Avec sa belle canne et
Son moulinet
Mais s'il pêche, c'est pour rire
Et l'on peut être certain
Que jamais sa poêle à frire
Vit le plus menu fretin
La pêche, à ce qu'on raconte
Pour lui n'est en fin de compte
Qu'un prétexte, un alibi -
On connaît pis -
Un truc, un moyen plausible
De fuir un peu son chez-soi
Où sévit la plus nuisible
Des maritornes qui soient
Avec une joie maligne
Il monte au bout de sa ligne
Tout un tas d'objets divers
Des bouts de fer
Des pailla**ons, des sandales
Des vieilles chaussett's à clous
Des noyés faisant scandale
Aussitôt qu'on les renfloue
Si, déçu par une blonde
Pensant faire un trou dans l'onde
Tu tiens plus à te noyer
Qu'à te mouiller
Désespéré, fais en sorte
D'aller piquer ton plongeon
De peur qu'il ne te ressorte
A l'écart de son bouchon
Quand un goujon le taquine
Qu'un gardon d'humeur coquine
Se laisse pour badiner
Hameçonner
Le bonhomme lui reproche
Sa conduite puérile
Puis à sa queue il accroche
Un petit poisson d'avril
Mais s'il attrape une ondine
L'une de ces gourgandines
Femme mi-chair mi-poisson
Le polisson -
Coup de théâtre - dévore
Tout cru le bel animal :
Une cure de phosphore
Ça peut pas faire de mal
Quand il mourra, quand la Parque
L'emmènera dans sa barque
En aval et en amont
Truites, saumons
Le crêpe à la queue sans doute
L'escorteront chagrinés
Laissant la rivière toute
Vide, désempoissonnée
Lors, tombés dans la disette
Repliant leurs épuisettes
Tout penauds, tout pleurnicheurs
Les vrais pêcheurs
Rentreront chez eux bredouilles
Danser devant le buffet
Se faisant traiter d'andouilles
Par leur compagne. Bien fait!