Avant d'acheter ma carte Vermeil
Pour faire des voyages au soleil
Ou rentrer dans ma tour d'ivoire
Pour enfin jouir de mes avoirs,
Avant que ma tête soit ramollie,
Avant que mon corps ait trop vieilli,
Avant que les vers me ponctionnent,
Je voudrais qu'on éclaire ma route,
Que l'on m'explique
Une fois pour toutes
Comment l'État ça fonct-i-onne,
Ce gros machin mystérieux
Qui fait que les gens sont pas heureux.
Je dis, avant que ma voix ne se perde:
L'État, l'État, c'est... L'État de merde.
Dire que l'État est scatologique,
C'est pas vraiment très sympathique
Pour la vraie fiente, le vrai crottin
Qui engraisse si bien nos jardins.
Comparer l'État à des tas
De bouse, de purin, de lisier,
C'est négatif comme postulat.
On est quand même les héritiers
De la Grande Révolution
Que le monde entier nous envie
Mais la pauvre vieille, pervertie,
Épuisée par la concussion,
N'a plus vraiment grand chose à perdre.
L'État, l'État, c'est... L'État de merde.
L'État après tout c'est virtuel.
C'est comme le Bon Dieu et ses saints.
Ça n'a pas d'existence réelle.
Ça sort de nos esprits malsains
Mais ça commande à la Justice,
Ça fait la loi et la police,
Ça joue avec le nucléaire,
Ça décide si on fait la guerre
Avec l'argent des citoyens.
Avouez que c'est quand même pas rien.
Faut croire qu'on a l'esprit patraque
Pour supporter de telles arnaques.
Masochistes, on aime bien marcher
Dans l'État, dans l'État de merde.
Ça fait soixante ans que je respire
Et plus ça va, plus ça empire.
Hier pour former ma jeunesse,
J'ai eu ma petite guerre coloniale
Et puis quarante de promesses,
Raisons d'État, discours moral,
Xénophobie et exclusion,
Gouvernés par des maquignons.
On se demande qui les a mis là...
Pardi c'est vous, c'est nous, c'est moi!
Demain l'Europe du Capital,
La flexibilité mondiale.
Désespéré, je m'asphyxie
Dans l'État, dans l'État de merde.