Il descend de l'avion avec les mains tremblantes
Parce qu'il imagine quelle montagne de fric
Il va pouvoir se faire dans cette région brillante
C'est un homme d'affaire qui débarque en Afrique
Il s'installe au bar du Hilton, à Kigali
Il offre un co*ktail bleu à une conne bronzée
Qui va lui pomper l'nœud, un peu après minuit
En l'écoutant parler, elle est déjà bouche-bée
Soyons petite souris, vous et moi, cher public
Comment draguer un prix Nobel de coup d'soleil?
«Approchez-vous, Josiane, je vous explique l'Afrique
Encore un blue lagoon? Allez, ah! C'est moi qui paye»
Je les connais par cœur, les négros, par ici
Leur bled est un fouttoir comme on n'imagine pas
On trouve des machines à écrire dans les boucheries
Et des crochets à viande dans les commissariats
Comme Josiane est bon public
Et sans opinion politique
Elle rigole pour de bon
À l'humour du gros con
D'une main ils font du feu en frottant deux silex
Pendant que l'autre tient une mini chaîne hi-fi
Quand ils ne crèvent pas d'faim, ils s'adonnent au s**e
Qu'ils ont d'ailleurs fort gros, Josiane... mais moi aussi
Comme Josiane est bon public
Et sans opinion politique
Elle rit pour de bon
À la fine allusion
Dans ce coin, les négresses, faut les prendre impubères
Parce qu'après, leurs nichons deviennent tout raplaplas
Ce n'est pas une capote, mais c'est la boîte entière
Josiane, que l'on doit enfiler dans ces trous à SIDA
Comme Josiane est bon public
Et sans opinion politique
Elle rit vaille que vaille
En suçotant sa paille
L'étripage collectif, c'est une tradition
En armant les deux camps, on l'encourage un brin
Ils meurent tellement qu'ils n'y font même plus attention
Car au contraire de nous, pour eux la vie n'est rien
Comme Josiane est bon public
Et sans opinion politique
Elle admire le penseur
Qu'elle pompera tout-à-l'heure
Au bas mot, les trois quarts de l'aide alimentaire
Alimente le président, sur un compte en Suisse
Une partie du fric revient au RPR
Permettez que je mette la main sur votre cuisse
Comme Josiane est bon public
Et sans opinion politique
Elle admire la gourmette
De sa nouvelle conquête
On exploite, on trafique, on pille impunément
Le président, à vie, en plus, nous dit «merci»
De toute façon, Josiane, je le répète souvent
Le négro n'est pas mûr pour la démocratie
Mais Josiane est fatiguée
Car la politique la fait chier
Elle susurre: «Mon chéri
Si on allait au lit?»
Alors, en titubant, nos deux calamiteux
Se lèvent après avoir sifflé un dernier verre
Le barman africain, poli et silencieux
Regarde s'éloigner la France de Voltaire