Il pénétra dans l'isoloir
Avec un p'tit air malicieux
On n'avait pas de peine à voir
Qu'il préparait un coup vicieux
Mais les gens de son entourage
En ce dimanche de printemps
Ne firent pas gaffe au personnage
Qui se marrait intérieurement
Tandis que chacun dans son coin
Votait, votait, votait, votait
Puis fermait l'enveloppe avec soin
Pour cacher le tendre secret
Il mit un doigt dans sa narine
Le retira sans hésiter
Puis dans l'enveloppe bleu marine
Il déposa une crotte de nez
Il fallait voir sa mine réjouie
Lorsque devant l'urne il pa**a
Le plus grand rêve de toute une vie
S'était enfin exaucé là
«Je suis gonflé» se disait-il
Tremblant de peur à chaque pas
S'imaginant que toute la ville
Était au courant de l'attentat
«Je suis gonflé, je suis gonflé»
Disait-il en montant chez lui
Tout sautillant dans l'escalier
Qui conduisait à son réduit
Pour fêter ça il prit une ta**e
Et deux cuillères de Nescafé
Tout claironnant devant la glace
«Je suis gonflé, je suis gonflé»
«C'est tout de même difficile à croire»
Se disait-il «car je crois bien
Qu'on n'a jamais vu dans l'histoire
Une crotte de nez dans un scrutin»
Mais le scrutin, tel un couteau
Le frappa si fort qu'il mourut
En apprenant à la radio
Qu'son candidat était élu