On savait pas comment l'appeler
Notre petite communauté
Qu'en était pas tout a fait une
Disons notre maison commune
Villa mon rêve on y a pensé
Mais quelqu'un l'avait déjà trouvé
Villa mon repos, c'était kitch
Mais pas un de nous n'était kitch
Alors un soir qu'on avait bu
On l'a appelée Villa mon cul
On a cherché dans le bottin
Si c'était pas un nom d'emprunt
Ben, vous allez être étonnés
Personne l'avait utilisé
Non pas un seul propriétaire
N'eut cette idée élémentaire
À croire que la propriété
Engendre la débilité
Nous qu'on croyait que c'était ban*l
On s'est dit ben non, c'est génial
Fier d'être des innovateurs
On est allés chez un graveur
Qui s'est marré comme un tordu
En imprimant Villa mon cul
«Eh ben ça me change, nous a-t-il confié
De ceux qui viennent me trouver
Pour que je baptise leur niche à con
Villa les roses, Villa mignon
- Eh ben oui, ça existe, y'en a.
- Hé ben Villa mon cul, n'empêche, c'est pas pareil.
- Oh ben non, c'est pas pareil.
- C'est un nom qui... comment on dit... c'est un nom qui chie à l'oreille.»
Même avec une très mauvaise vue
On pouvait lire Villa mon cul
À 300 mètres de la baraque
Où qu'c'est qu'on a fixé la plaque
Le soir même les riverains
Les autochtones et les voisins
Ont fait la queue devant chez nous
Pour voir cet outrage au bon goût
Y'a eu comme une espèce de break
Et d'une seule voix: «Bravo les mecs»
On a dansé toute la soirée
Dans les jardins, sur la chaussée
On a emballé comme des bêtes
Toutes les mémés, toutes les nénettes
Et tout le monde chantait dans la rue
Mon cul, mon cul, mon cul, mon cul...
Un magistrat soulevant sa robe
Alla jusqu'à crier: «mon zob»
Comme c'est lui qui nous a jugé
On a tous été acquittés